Les banques de la Zone euro qui parlent le plus du changement climatique sont également les plus grands prêteurs aux industries polluantes. De même qu’elles utilisent le bruit des relations publiques pour camoufler leur soutien. C’est ce qui ressort d’un article de blog rédigé par quatre économistes publié mercredi 6 décembre par la Banque centrale européenne (BCE).
Les économistes affirment dans leur article que la BCE tente depuis des années, sans succès, d’obliger les prêteurs à divulguer davantage d’informations sur leurs risques climatiques. Elle a même menacé d’augmenter les exigences de fonds propres si ces banques ne le faisaient pas.
« Les banques qui prétendent être plus soucieuses de l’environnement prêtent plus que les autres aux industries brunes [industries ayant les plus fortes émissions de gaz à effet de serre et de carbone] ». C’est donc ce qu’affirment les auteurs du blog. Et ce, après avoir comparé les divulgations publiques avec des données détaillées sur les prêts. « Les banques ne sont pas suffisamment incitées à modifier leurs pratiques de prêt », continuent-ils.
Cependant, le blog, publié par un économiste de la BCE et trois universitaires, ne reflète pas nécessairement les opinions de la BCE. Laquelle supervise plus de 100 des plus grands prêteurs de la Zone euro.
Décalage entre la théorie et la réalité
Le décalage entre la communication et les prêts réels est particulièrement vrai pour les nouveaux fonds accordés aux petits pollueurs. Car ceux-ci passent « sous le radar » et échappent à l’attention du public, selon les auteurs du blog.
De plus, les banques semblent réticentes à prêter à de nouvelles entreprises susceptibles de stimuler l’innovation dans des technologies plus propres ou à des entreprises à fortes émissions qui pourraient « écologiser » leurs activités, ajoutent-ils.
Garder les bonnes relations
Ainsi, les prêteurs semblent réticents à perturber les relations avec leurs clients. Ils semblent également craindre que le retrait de leur soutien ne menace la viabilité financière de l’emprunteur, entraînant des pertes, rapportent les économistes.
Cela a pour conséquence que les pollueurs sont maintenus en vie par les banques qui cherchent à protéger leurs revenus. Perpétuant ainsi la pollution, mais aussi le soutien bancaire à une industrie polluante, soulignent-ils.
Enfin, ils notent qu’au lieu de cela, les banques préfèrent maintenir les entreprises en vie même si elles manquent clairement de capacité opérationnelle ou financière pour passer à des technologies plus vertes.