Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar, a affirmé que la suspension ou la suppression du décret-loi n° 54 relatif à la lutte contre les infractions liées aux systèmes d’information et de communication « devient une nécessité impérieuse ».
Il s’exprimait lors d’une journée ouverte de solidarité avec les journalistes, organisée, vendredi 8 décembre, au siège du syndicat, sous le signe « Journalistes solidaires », dans le cadre des festivités marquant la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme en présence du président du Syndicat des journalistes palestinien, Nasser Abou Baker, et l’ambassadeur de Palestine à Tunis, Hayel Fahoum.
Dabbar a affirmé que les forces civiles, syndicales, politiques et sociales en Tunisie sont unanimes à rejeter en bloc ce décret-loi, partant de la conviction qu’il s’agit d’un texte liberticide, attentatoire au dispositif des droits et des libertés, tout comme il représente une violation criarde aux dispositions de la constitution tunisienne en vigueur.
Le nombre des arrestations et des procès intentés contre les journalistes sur la base du décret-loi n°54 est alarmant, a-t-il regretté, ajoutant que 40 personnes ont été traduites en justice, dont 7 journalistes, pour avoir exprimé leurs opinions dans le cadre de l’exercice de la profession journalistique.
Dans un pays qui a connu une révolution prônant la liberté et la démocratie, il est inadmissible qu’un journaliste soit déféré devant la justice sur fond d’un texte juridique qui ne régit pas sa profession, a-t-il dénoncé, soulignant que les journalistes qui ont été visés avaient exercé leur mission conformément à la déontologie professionnelle et dans le respect de la loi.
Le président du SNJT a critiqué des peines infligées aux journalistes jugés dans le cadre de l’application du décret-loi n°54, estimant qu’elles étaient souvent « lourdes et injustes » et prononcées au terme de procès expéditifs où les conditions du procès équitable font défaut.
Evoquant la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme, Dabbar a souligné que la festivité de cette année intervient dans des circonstances « particulières », marquées par les massacres en série perpétrés par la machine de guerre sioniste ainsi que les crimes de génocide et du nettoyage ethnique ciblant le peuple palestinien à Gaza, rappelant le nombre tragique et impressionnant de martyrs qui a franchi le cap de 17 mille, dont 75% sont des femmes et des enfants en plus de 70 journalistes.
Il a fustigé les positions des pays occidentaux qui se targuent d’être les vigiles des droits de l’Homme dans le monde alors qu’ils ont donné leur « feu vert » à Israël pour massacrer les innocents et les civils désarmés à Gaza.
De son côté, le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Samir Chafi, a réitéré la position de principe de la structure syndicale dans la défense de la liberté d’opinion et d’expression, appelant à offrir aux journalistes les garanties nécessaires pour accomplir leur mission et exercer librement leur profession dans le respect de la législation en vigueur, loin de toute forme de restriction ou de limitation.
Pour le responsable syndicat, les pro et les anti-25 juillet sont tous unanimes à croire à la nécessité sinon de l’abroger le décret-loi n°54 ou de le réviser son article 25 vers le sens de la préservation du climat des libertés.
Prenant la parole, le président du Syndicat des journalistes palestiniens, Nasser Abou Bakr, est revenu sur le ciblage systématique des journalistes à Gaza, affirmant que l’objectif ultime de cette opération est de faire taire tout témoin sur les crimes de guerre et d’extermination commis par l’entité sioniste contre le peuple palestinien.
Plus de 75 journalistes ont été tués par les forces d’occupation sioniste, 140 autres avaient subi des blessures graves sans oublier 300 journalistes dont les membres de famille ont été également martyrisées, a-t-il cité à l’appui de ces propos, ajoutant que la guerre a dépassé les contrées de la seule bande de Gaza pour prendre une dimension électronique clairement biaisée en faveur de l’entité d’occupation israélienne, dénonçant à ce titre les restrictions apportées aux réseaux sociaux du monde entier, la suppression des images, des vidéos ainsi que l’interdiction des blogs qui démasquent le narratif sioniste sur la réalité des faits à Gaza.
Avec TAP