La guerre est loin d’être une partie de plaisir, même pour ceux qui ne font que la suivre. Philippe Hage Boutros, journaliste à L’Orient-Le Jour, partage son expérience de suivre de près les événements à Gaza depuis Beyrouth.
Entre danger, pertes tragiques de collègues et lassitude face aux crises récurrentes au Liban, il expose les défis personnels et professionnels dans une région en proie à une nouvelle escalade de tensions. Ainsi Philippe Hage Boutros nous livre son témoignage en tant que journaliste qui suit ce qui se passe à Gaza au jour le jour depuis Beyrouth.
Il indique que la gravité des événements et le fait que le conflit à Gaza a débordé au Liban ont contraint le quotidien libanais francophone à adapter son rythme pour suivre l’actualité en temps quasi réel.
« Depuis le 9 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah a commencé à s’impliquer partiellement dans la guerre en mettant la pression à la frontière entre le Liban-Sud et le nord d’Israël, aller couvrir l’actualité sur place est devenu dangereux pour les journalistes », explique-t-il. « La situation est devenue encore moins gérable après que plusieurs journalistes ont été tués par des tirs israéliens, dont un reporter d’images de Reuters, Issam Abdallah, ainsi que deux membres des équipes de la chaîne Al-Mayadeen, la correspondante Farah Omar et le photographe Rabih Maamari », rappelle-t-il, avant d’ajouter : « Malgré cela, nous arrivons à faire appel à des sources fiables pour savoir ce qui se passe avec un niveau suffisant de précision ».
Sur le plan personnel comme professionnel, c’est l’anxiété, la lassitude et la frustration qui dominent en raison des cycles continus de crise que connaît le Liban depuis des décennies et de la complexité d’obtenir des informations fiables, qui plus est dans un contexte de guerre.
« Mon sentiment personnel, moi qui suis né au Liban en 1982, année de l’invasion israélienne, est marqué par une certaine lassitude face à cette répétition de crises, bien que je n’en maîtrise pas tous les aspects », explique-t-il.
« Pour savoir ce qui se passe à Gaza ou en Israël en revanche, nous comptons également sur nos contacts qui nous racontent tous la même histoire : les bombardements indiscriminés qui provoquent des déplacements de population et les arguments qui justifient la disproportion apparente de la réaction israélienne, même face à une attaque aussi sanglante que celle lancée par le Hamas, sont difficilement audibles », développe-t-il.