Le sommet de l’ONU sur le climat se réunit cette année à Dubaï. La COP28 intervient alors que les dégâts du changement climatique se font de plus en plus ressentir, avec une année 2023 la plus chaude enregistrée. Selon les données de l’ONU, 118 millions de personnes vivant en Afrique dans l’extrême pauvreté (moins de 1,90 dollar par jour) risquent d’être fortement touchées par les changements météorologiques extrêmes d’ici 2030.
Pour certains, ce sommet est l’occasion pour l’industrie pétrolière de redorer son image ; pour d’autres, rien de plus normal que d’impliquer les pays pollueurs dans les négociations. Ainsi, la COP28 a commencé très fort avec la création d’un « fonds de compensation » « pertes et dommages » pour soutenir les pays les plus touchés par le changement climatique et l’engagement d’atteindre un objectif de réchauffement climatique à 1,5 °C. Malgré ces annonces fortes, les décisions de ce sommet manquent toujours d’audace.
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En matière de transition énergétique, une élimination progressive du fossile a été soulignée lors de ce sommet, mais aucun délai n’a encore été annoncé. De plus, aucun accord sur un objectif de réorientation vers le renouvelable et l’efficacité énergétique n’a été adopté.
Ce fonds, qui sera opérationnel en 2024, sera financé par les Etats responsables, sur une base volontaire, sans aucune obligation. Aucun objectif financier à atteindre n’a été encore déterminé, ni comment les fonds seront distribués, ou encore quels sont les critères des pays bénéficiaires.
A ce jour, les sommes promises par les pays engagés restent en deçà des besoins nécessaires pour soutenir les pays vulnérables, avec des risques de pertes évalués à des centaines de milliards de dollars US. Un 28ème sommet sur le climat qui risque, encore une fois, de ne pas cibler les vrais dangers liés aux changements climatiques.
En effet, la création d’un fonds qui dédommagerait les pays vulnérables et les propositions timides en matière de transition écologique semblent montrer la faible volonté des Etats pollueurs à vouloir réellement rompre avec le modèle de développement dominant.
Quand les géants pétroliers campent sur le fossile, et d’autres, comme la France, poussent vers davantage de nucléaire, il est alors difficile que les organisateurs de la COP28 réussissent le rafistolage d’une crédibilité lourdement érodée par la marginalisation des attentes des pays en développement. Bref, à la COP 28, le greenwashing a encore la main.
Par Noura Harboub-Labidi
Cette chronique est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 883 du 6 au 20 décembre 2023