Les préparatifs vont bon train pour accueillir un certain nombre de Palestiniens blessés, victimes de l’agression israélienne sur la bande de Gaza. C’est là la preuve, s’il en faut, que, chez nous, la solidarité n’est pas, comme on dit, « une solidarité de communiqués », mais une solidarité effective. Notre engagement avec le peuple palestinien frère va même plus loin. Pour ne pas rester en reste et en cette période où les missiles israéliens s’abattent sur les civils palestiniens, on a voulu faire pareil en préparant des missiles qui s’abattront, à une variable près, sous nos cieux, sur ceux qui se croient au-dessus de la loi. Les missiles sont déjà prêts, ils n’attendent que le signal.
C’est dire l’importance de la guerre que l’Etat tunisien mène contre ces criminels qui veulent affamer le peuple, ces spéculateurs qui pensent être capables de déstabiliser l’État et ses institutions. Une guerre sans tolérance, comme vient de le promettre le Président de la République.
Une guerre tous azimuts. Une guerre sans merci contre tous ces traîtres d’horizons divers qui nourrissent ces longues files d’attente devant les boulangeries pour acheter une baguette ou quelques grammes de café. Ceux-là mêmes qui poussent les pauvres Tunisiens à s’agglutiner chaque matin devant les supermarchés à la recherche de lait, de riz
ou de son substitut, disparu lui aussi des étalages, la « chorba lsen asfour ». Et ils se demandent après pourquoi on les traite de noms d’oiseaux. On parle de ces traîtres, cela va sans dire. Ces oiseaux de mauvais augure pour qui il fallait l’oiseau rare pour les dénicher et les faire sortir de leurs nids douillets. A ce propos, joignant l’acte à la parole, il n’y a pas un jour sans son lot de mises en examen sous des chefs d’accusation que l’on croyait propres aux or
ganisations secrètes les plus éprouvées. La justice va donc statuer sur leur éventuelle culpabilité. Les accusés, au moins pour le moment, ne sont pas du menu fretin. On va tout de suite ajouter qu’ils sont présumés innocents jusqu’à ce que la justice dise son mot, pour reprendre la formule consacrée, mais probablement devenue quelque peu obsolète dans certains cas. Dans le cas de certains, l’innocence vaut des milliards, des centaines de milliards de nos
dinars qu’ils devront payer à la Commission nationale de conciliation pénale. « Mabrouk alikom », comme on dit chez nous.
A propos, du moment qu’on est dans le registre des félicitations, on devra se féliciter du nouveau-né : l’Office national des fourrages. On vient, en effet, de nous annoncer l’existence d’un projet de décret en cours de préparation concernant la création dudit office. Il était, nous informe-t-on, inacceptable que ce secteur reste l’exclusivité d’un nombre limité de personnes, laissant les agriculteurs à la merci des prix fixés par ces dernières. L’intention est louable. Tous ceux qui ont du bétail en savent quelque chose. Ils savent pourquoi, mais ne savent pas comment. Comment va-t-on financer ce nouvel office alors qu’on peine à financer ceux qui existent déjà ? Ce n’est pratiquement un secret pour personne que l’Office des céréales, pour ne citer que lui, serait quasiment en situation de faillite. Le bon sens le plus élémentaire serait donc de ne pas en créer d’autres. Mais bon, on ne va pas polémiquer là-dessus. On en a d’autres qui accaparent vraiment l’attention des Tunisiens. Outre la tragique affaire de Meriem Dabbegh, il y a aussi et surtout cette polémique à propos du film sur Hannibal qui sera incarné par Denzel Washington. En Tunisie, on ne rigole pas avec ça. La ministre des Affaires culturelles, elle-même, a statué sur l’affaire en affirmant que son département œuvre à négocier avec Netflix le moyen de tourner en Tunisie des séquences du film. On ne va pas falsifier notre histoire. Tout de même!
Cette chronique est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 883 du 6 au 20 décembre 2023