Comme attendu, la quatrième tranche de l’Emprunt obligataire national a été plus qu’un succès. Le Trésor a pu collecter 1 214,846 MTND contre un objectif de 700 MTND.
En 2023, l’Etat a ainsi mobilisé 3 798,754 MTND. Ses ambitions d’atteindre 2 800 MTND pour tout l’exercice budgétaire ont été largement dépassées.
Principaux chiffres
Les intermédiaires en Bourse ont assuré l’essentiel des souscriptions, avec 863,589 MTND contre 351,257 MTND par les banques. L’effort commercial est remarquable. Les OPCVM obligataires ont souscrit à 50,646 MTND. En revanche, les banques ont acheté des obligations pour une valeur de 837,230 MTND. Elles sont donc passées par les intermédiaires en Bourse, généralement leurs filiales.
Par catégorie, celle A (personne physique, durée de 5 ans, remboursement annuel à partir de la quatrième année avec un taux fixe de 9,75% par an ou un taux d’intérêt variable TMM+1,70%) a attiré 2,717 MTND seulement. Encore une fois, les personnes physiques représentent une minorité des souscripteurs.
La catégorie B (durée de 7 ans, dont deux années de grâce, remboursement à partir de la troisième année avec un taux fixe de 9,80% par an ou un taux d’intérêt variable TMM+1,75%) a drainé 956,317 MTND contre 255,812 MTND pour la catégorie C (durée de 10 ans, dont deux années de grâce, remboursement à partir de la troisième année avec un taux fixe de 9,95% par an ou un taux d’intérêt variable TMM+1,95%).
Enfin, par taux, les souscriptions aux obligations à taux fixe ont totalisé 883,620 MTND contre 331,226 MTND pour celles à taux variables.
Les enseignements
Trois principales conclusions sont à retenir.
La première est que les investisseurs sont plus que jamais convaincus qu’en 2024, les taux vont commencer à baisser. Ce n’était pas le sentiment au début de l’année, puisque sur les deux premières tranches, ce sont les obligations à taux variables qui ont attiré plus de souscripteurs. Aujourd’hui, la majorité opte pour celles à taux fixe. Sur ce plan, la politique monétaire a réussi à changer les perspectives des taux.
La deuxième est que l’implication des personnes physiques dans ces opérations nécessite un effort supplémentaire. Il y a certes cet avantage fiscal accordé par la loi de finances 2024. Néanmoins, prêter à l’Etat n’inspire pas confiance, pas à cause de la qualité de signature du Trésor, mais parce que l’Etat a d’autres bras qui, eux, font peur, l’administration fiscale à leur tête. Nous pensons qu’il y aurait une plus grande contribution en valeur, mais elle resterait faible en termes de proportion.
La troisième conclusion est que ce type de financement, qui ne nécessite pas de refinancement par la Banque centrale, absorbe énormément de liquidité. Qu’est-ce qu’il restera aux entreprises ? Les chiffres commencent à inquiéter sérieusement car le remboursement de ces montants serait refinancé, quelques années plus tard, par de nouvelles sorties. L’effet d’éviction actuel est bien parti pour durer. Si vous êtes une entreprise, cherchez plutôt des fonds propres pour vous développer.