La Banque centrale européenne (BCE) maintient ses taux d’intérêt pour la deuxième réunion consécutive. Et ce, tout en revoyant à la baisse ses prévisions de croissance et en annonçant son intention de réduire son bilan.
On s’attendait largement à ce que la banque laisse sa politique inchangée à la lumière de la forte baisse de l’inflation dans la Zone euro. Les investisseurs recherchaient plutôt des signaux sur la date de la première baisse des taux.
« Les décisions futures du Conseil des gouverneurs garantiront que ses taux directeurs seront fixés à des niveaux suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire », a déclaré la BCE dans un communiqué. Toutefois, elle a modifié son discours sur l’inflation, la décrivant comme « devant rester trop élevée pendant trop longtemps »; indiquant plutôt qu’elle « diminuera progressivement au cours de l’année prochaine ».
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Nouvelles projections
Ainsi, les dernières projections macroéconomiques de la Commission européenne prévoient une croissance moyenne du PIB réel de 0,6 % en 2023; contre une prévision antérieure de 0,7 %. Elles estiment aussi que le PIB augmentera de 0,8 % en 2024, contre 1 % précédemment. Les prévisions pour 2025 sont restées inchangées, à 1,5 %.
En outre, l’inflation globale devrait s’établir en moyenne à 5,4 % en 2023, à 2,7 % en 2024 et à 2,1 % en 2025. La BCE prévoyait précédemment une inflation de 5,6 % cette année, de 3,2 % en 2024 et de 2,1 % en 2025. Elle a également publié une nouvelle estimation pour 2026, à 1,9 %.
Quant à l’inflation sous-jacente, elle s’élèvera en moyenne à 5 % cette année et à 2,7 % en 2024, 2,3 % en 2025 et 2,1 % en 2026.
Dans ce contexte, notons un ralentissement de l’inflation en glissement annuel dans la Zone euro. Elle passe de 10,6 % en octobre 2022 à 2,4 % lors de la dernière lecture en novembre. De nombreux indicateurs montrent que l’inflation sous-jacente est inférieure aux attentes, avec une baisse de toutes les composantes. L’objectif de 2 % fixé par la BCE est ainsi à portée de main; même si les responsables notent que les pressions salariales et la volatilité du marché de l’énergie risquent d’entraîner une résurgence potentielle.
Accélération en 2024
Par ailleurs, la BCE note un resserrement des conditions de financement qui freine la demande et aide à contrôler l’inflation. Tout en ajoutant que la croissance serait modérée à court terme; avant de se redresser en raison de l’augmentation des revenus réels et de l’amélioration de la demande étrangère. Le taux directeur a été donc maintenu à un niveau record de 4 %.
La situation actuelle ne peut qu’alimenter les paris sur des réductions des taux l’année prochaine, même avant l’été. La Tunisie doit observer de près les évolutions qui auront un impact direct sur les carnets de commandes des entreprises exportatrices et sur les taux de change.
D’un autre côté, la BCE a annoncé que les réinvestissements dans le cadre de son programme d’achat d’urgence en cas de pandémie, un programme temporaire d’achat d’actifs, s’achèveraient à la fin de l’année 2024. La transition sera progressive, avec une réduction du portefeuille de 7,5 milliards d’euros par mois en moyenne au cours du second semestre 2024.
Alors, la situation actuelle ne peut qu’alimenter les paris sur des réductions des taux l’année prochaine, même avant l’été. La Tunisie doit observer de près les évolutions qui auront un impact direct sur les carnets de commandes des entreprises exportatrices et sur les taux de change.