La recherche et développement (R&D) est rentrée dans les mœurs dans plusieurs pays à travers le monde, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-est, ayant entraîné la Révolution industrielle. Ce qui leur a permis d’atteindre un certain seuil de développement économique et social.
Aujourd’hui, une autre révolution technologique est en cours, celle de l’Intelligence artificielle, communément appelée IA. Toutes les deux (IA et R&D) promettent des changements significatifs et offrent des solutions innovantes pour améliorer la vie des populations.
Et là, l’Afrique ne semble pas à la traîne, surtout en matière de l’IA dans le domaine de la santé. Toutefois, en dépit du potentiel et de l’ambition des gouvernements, des obstacles persistent et limitent la croissance de la recherche en IA sur le continent, regrette le site gavi.org.
« En plein essor ces dernières années, l’Intelligence Artificielle (IA) laisse entrevoir un immense champ des possibles dans de nombreux secteurs. Le domaine de la santé est particulièrement chamboulé par cette révolution technologique qui ouvre la porte à de multiples opportunités », indique l’ONG.
D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment reconnu « le rôle de l’IA pour améliorer les performances dans les essais cliniques, le diagnostic, la mise au point d’un protocole de traitement, ou encore la production de vaccins et la prévoyance de futures épidémies. Grâce à la recherche et au développement (R&D), ces découvertes technologiques deviennent ainsi des atouts pour améliorer la médecine… ».
L’IA au secours de la santé
Les logiciels autonomes existent depuis une soixantaine d’années, l’IA permettant d’accomplir des tâches complexes. Appliquée au domaine de la santé, l’IA « dope » la pratique médicale via la technologie. Ordonnance électronique, télémédecine, application médicale sont autant d’innovations issues de cette révolution numérique, constituant des outils puissants pour des réponses rapides, précises et détaillées, souligne gavi.org.
Et compte tenu des défis sanitaires auxquels doit et fait face l’Afrique, l’intérêt pour ces technologies n’a jamais ét aussi croissant. « Avec une population très jeune et connectée, le continent dispose d’un atout conséquent dans la production d’innovations pouvant résoudre des problématiques locales, souvent délaissées dans les programmes de recherche financés par les pays du Nord ».
C’est dans ce cadre que le thème des Grands Challenges 2023 était « L’innovation sauve des vies », organisée pour la première fois en Afrique de l’Ouest, du 9 au 11 octobre dernier. Il s’agit d’une rencontre chapeautée par la Fondation Bill et Melinda Gates et soutenue par l’État du Sénégal.
Le Sénégal avait été sélectionné pour abriter cet événement pour son « engagement à renforcer son écosystème de recherche et de développement », a affirmé Bill Gates lequel insistera sur les « progrès remarquables réalisés en matière de réduction de la mortalité infantile et d’amélioration de la nutrition ».
Toujours selon notre source, au Sénégal, « l’Institut Pasteur et l’Institut de Recherche en Santé, de Surveillance épidémiologique et de formations (IRESSEF), laboratoires de référence en santé, contribuent notamment aux progrès de la science et des innovations scientifiques en matière de santé dans le pays mais aussi sur le continent ».
On estime que grâce à une technologie de nouvelle génération, les vaccins ARNm peuvent réduire les coûts de recherche et de fabrication, permettant ainsi un plus large accès à ceux-ci, renforçant l’équité vaccinale… « Cette technologie ARNm est révolutionnaire pour les maladies infectieuses (le paludisme, la tuberculose, la fièvre de Lassa) qui touchent fortement les pays à faibles revenus », se réjouit Bill Gates.
Toutefois, on note certes une bonne volonté politique, mais ici et là on remarque que les travaux sur l’utilisation de l’IA en médecine restent limités sur le continent, en ce sens qu’ils portent essentiellement sur les cancers ou le paludisme.
Par ailleurs, des experts s’inquiètent quant à des « répercussions d’un usage non encadré de l’IA »… à propos des données confidentielles collectées, largement hébergées dans les pays de l’hémisphère Nord. Pourtant l’OMS est claire là-dessus : « Les systèmes d’IA, appliqués à la santé, permettent l’accès aux données personnelles, c’est pourquoi un cadre légal solide est nécessaire pour sauvegarder la vie privée ».
Pour sa part, Morena Makhoana, PDG de Biovac (une entreprise de produits pharmaceutiques basée en Afrique du Sud productrice de vaccins), « il n’y aura d’innovation transformatrice que si celle-ci est accessible aux personnes qui en ont le plus besoin. Il faut contribuer à combler les lacunes critiques en matière d’accès aux vaccins ».
L’utilisation de ces nouvelles technologies doit donc être faite équitablement pour une amélioration des conditions de vie des populations qui en ont le plus besoin, sans quoi elles font craindre une médecine à deux vitesses, qui accroîtrait un peu plus les inégalités d’accès aux soins.
Aujourd’hui, toute le monde est d’accord pour dire que « l’IA permet de faire un saut important et offre un progrès qu’on n’a jamais vu auparavant en transformant le paysage des soins de santé sur notre continent. Nous avons besoin d’une société littérée en IA pour que le bénéfice soit le plus large possible et que personne ne soit laissée pour compte », souligne Juliana Rotich, responsable de l’intégration fintech pour la société M-Pesa, basée au Kenya.