En marge des Journées Théâtrales de Carthage qui se sont déroulées du 2 au 10 décembre 2023, on a interviewé Maher Msaddek, qui a co-écrit la pièce 1114 avec Haythem El Moumni.
A noter que Haythem El Moumni et Marouen Moussi sont les acteurs de cette pièce, dont le réalisateur est Moez Gdiri.
Cette pièce est un voyage vers soi, violent et nous touche au tréfonds de notre cœur.
Votre pièce commence par cette phrase « Aandek saheb ? » (As-tu des amis ?). Que signifiait-elle ?
Maher Msaddek : Cette pièce a été co-écrite avec Haythmem El Moumni. Ce dernier a écrit la première phrase. Il s’est inspiré d’une dépression post-rupture, durant laquelle il ne voulait plus ni lire, ni écrire, ni d’avoir des amis.
Sommes-nous devant un personnage qui a des hallucinations ?
Le personnage peut avoir des hallucinations ou pas. Haythem incarne le personnage du cœur. Nous avons voulu montrer le rapport de force entre le cœur et l’esprit. Tous deux sont très différents et opposés l’un à l’autre. Contrairement à ce qu’on peut croire, le cœur est très fort. Nous avons aussi fait un clin d’œil à la pièce de théâtre « Jounoun ».
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Nous nous sommes tous les deux inspirés d’une expérience personnelle, celle de la dépression post-rupture. J’ai lu le livre « La séparation » de Franck Dan, et Haythem « Psychosis 448 », écrit par Sarah Kane. Nous avons tous les deux connu le trauma de la post-séparation. Cela nous a poussés à mettre en exergue ces expériences.
La folie est un sujet qui a toujours fasciné l’humain. Avez-vous fait des recherches sur le sujet ?
Nous ne parlons pas vraiment de folie mais plutôt de séparation, chose qu’on a tous connue. Nous avons fait une documentation d’un état qu’on a tous vécu. La séparation n’est pas forcément amoureuse. Nous voulons, à travers cette pièce, faire une introspection.
L’être humain serait-il en perpétuelle guerre contre son âme ?
Pour moi, cette guerre est éternelle. Si elle s’arrête, l’homme peut choisir de mettre fin à sa vie. Cette guerre est une situation qui traduit une volonté de s’améliorer. Il peut s’agir de faire un choix entre deux choses. Si ce conflit cesse, l’humanité prendra fin. C’est un peu la philosophie de Kierkegaarde qui estime que l’anxiété nous permet d’avancer.
Quel est l’acteur qui vous inspire le plus ?
Sur le plan international, Tom Hardy. Il a la capacité de jouer des rôles complexes avec subtilité et d’aborder des sujets sensibles avec justesse.
En ce qui concerne l’art performatif en général, j’aime James Thierry. Il compte beaucoup sur le corps et crée des mondes qui me séduisent.
Mon acteur tunisien préféré est Abdelmonaam Chouayet. Il m’inspire et me donne beaucoup d’énergie. Cet avis est objectif et n’a aucun rapport avec le fait que ce dernier soit mon ami.
Vous êtes professeur de théâtre, acteur, et vous avez co-écrit la pièce avec Haithem Houmni. Qui êtes-vous, finalement, Maher Msaddek ?
Je suis une personne qui veut toujours être insatisfaite de ce qu’elle fait pour créer un résultat différent de ce à quoi on est habitués. Elle veut perpétuellement donner un résultat plus remarquable.