Les ennuis politiques et judiciaires s’accumulent pour le candidat républicain à la présidentielle de 2024, Donald Trump. En effet, en plus de la polémique sur ses déclarations jugées proches des écrits d’Adolph Hitler, il a été disqualifié mardi 19 décembre par la Cour suprême du Colorado. Laquelle, dans une décision sans précédent, l’a décrété « inéligible à la primaire de cet Etat, en vertu du 14ème amendement de la Constitution américaine ».
Outrance, langage grossier, propos racistes et xénophobes… Les mots ne suffisent pas pour qualifier cet homme qui a de réelles chances de remporter la prochaine élection présidentielle américaine de 2024. Selon les derniers sondages, Donald Trump s’en sort vainqueur, avec quatre points d’avance, face à l’actuel chef de l’Etat, Joe Biden.
Mein Kampf comme livre de chevet
Défrayant encore une fois la chronique, Donald Trump, puisque c’est de lui dont il s’agit, n’a cessé durant sa campagne électorale d’affirmer que les immigrés clandestins aux Etats-Unis « empoisonnaient » et « détruisaient le sang de l’Amérique ».
Ainsi, devant une foule de ses fans lors d’un meeting de campagne pour l’investiture républicaine à Waterloo, dans l’Iowa, le magnat de l’immobilier déclarait mardi 19 décembre : « C’est vrai. Ils détruisent le sang de notre pays. Ils viennent du monde entier. Ils peuvent être en bonne santé ou en très mauvaise santé. Ils pourraient apporter des maladies qui se propageraient dans notre pays ».
Ces propos nauséabonds à caractère racial et xénophobe ont suscité des réactions scandalisées même chez les républicains. Certains y voyant une allusion à des propos d’Adolf Hitler tenus dans son ouvrage Mein Kampf.
Bien entendu, l’intéressé nia toute similitude avec la littérature nazie employée à l’époque par Adolph Hitler, en se targuant la main sur le cœur de n’avoir jamais lu le manifeste du dictateur allemand. Lequel écrit noir sur blanc en 1925 : « Toutes les grandes cultures du passé n’ont péri que parce que la race créatrice originale est morte d’empoisonnement du sang ».
N’est-il pas curieux de soulever à ce propos que sa première épouse, Ivana Trump, aurait déclaré à son avocat, selon un article de Vanity Fair paru en 1990, que son mari gardait à l’époque un livre des discours d’Hitler sur sa table de chevet?
Trump décrié dans son propre camp
A noter que le langage de plus en lus violent et extrémiste utilisé par celui qui brigue un deuxième mandat à la Maison Blanche n’est pas du goût de certains responsables de son parti. Ainsi le ténor républicain du Sénat, Mitch McConnell, vient de dénoncer publiquement les remarques du milliardaire républicain. Celui-ci avait également comparé en novembre dernier ses opposants politiques à de la « vermine » en réaction à l’équipe de campagne de Joe Biden qui l’avait alors accusé « d’imiter le langage autocratique d’Adolf Hitler et de Benito Mussolini ». Et ce, en publiant mercredi 20 décembre un montage comparant trois citations de Donald Trump à celles du dictateur nazi. « Ceci n’est pas une coïncidence », peut-on lire en légende de la publication.
Pour rappel, Trump, qui a promis de sévir contre l’immigration illégale et de restreindre l’immigration légale s’il est élu pour un second mandat de quatre ans, avait lors de sa première campagne pour la présidentielle, en 2015, traité les migrants clandestins de « violeurs ». Il avait à l’époque promis de construire un mur le long des 3 000 kilomètres de frontière qui sépare le Mexique des Etats-Unis pour empêcher les migrants d’entrer sur le sol américain.
Gros nuages
Rappelons que dans un autre registre, la Cour suprême du Colorado a pris une décision sans précédent mardi 19 décembre, en disqualifiant le candidat républicain des primaires présidentielles.
En effet, par quatre voix contre trois, la plus haute juridiction de cet Etat a statué que Trump n’était pas éligible pour figurer sur le bulletin de vote de l’Etat ; et ce, en vertu du 14ème amendement de la Constitution américaine. Cet article interdit à quiconque s’étant engagé dans une « insurrection ou une rébellion » d’exercer des fonctions fédérales. La décision a été suspendue en attendant un examen par la Cour suprême des Etats-Unis, que les avocats Trump ont annoncé vouloir solliciter immédiatement.
Or, cette décision fait peser une grave menace sur la candidature de Trump, plus encore que les quatre procès qui lui sont intentés. Car, la décision de la Cour suprême du Colorado peut faire jurisprudence. D’autres plaintes déposées contre Trump invoquant le 14ème amendement dans d’autres Etats pourraient se baser sur la décision du Colorado et l’exclure du scrutin pour les mêmes motifs. S’ensuit une incertitude sur le déroulement des primaires, et, par ricochet, sur celui de l’élection présidentielle de novembre prochain.