En octobre 1973, en réaction au soutien américain à l’occupation israélienne lors de la guerre de Kippour, les pays arabes membres de l’OPEP avaient décidé de quadrupler le prix du pétrole, qui est passé de 2,7$ à 11$ en quelques mois. Cinquante ans après et avec la guerre infernale menée sur GAZA, l’économie mondiale serait-elle secouée par un nouveau choc pétrolier ?
Après le pic de 91$ enregistré le 19 octobre, le brut Brent, la référence pétrolière internationale, est négocié mi-décembre à moins de 80$ le baril, soit moins cher qu’au début du conflit. Les fondamentaux solides des marchés des produits énergétiques semblent l’emporter sur les craintes des traders. Tout laisse à penser qu’à ce jour, une flambée des prix de l’énergie fossile est écartée.
Des perspectives de croissance molle
Les annonces pessimistes autour de la croissance mondiale pour 2024 poussent les prévisionnistes à exclure toute augmentation future de la demande de pétrole. Les signes persistants du ralentissement de l’économie chinoise, notamment sa plus forte baisse des prix à la consommation depuis la pandémie du Covid, ne peuvent qu’aggraver
ces inquiétudes et peser sur le marché pétrolier.
L’empreinte de la transition écologique
Toujours du côté de la demande, la transition énergétique entamée dans plusieurs pays les a poussés à diversifier leurs sources d’énergie, à recourir de plus en plus aux énergies renouvelables et à réduire leur dépendance aux
hydrocarbures.
Le surplus d’offre sur le marché pétrolier
La diversification des exportateurs et les niveaux record récemment annoncés de la production des Etats-Unis, pre-
mier producteur mondial, à un peu plus de 13 millions de barils par jour, réconfortent les marchés.
Les vagues de normalisation avec l’entité sioniste
Les normalisations achevées ou celles en cours de finalisation réduisent à néant toute chance d’un accord entre
les pays arabes pour faire usage de l’arme pétrolière, comme c’était le cas en 1973. Le temps du roi Fayçal
d’Arabie saoudite et du président égyptien Abdel Nasser est bien révolu. Malgré la stabilité actuelle des marchés, le risque d’une envolée des prix reste toujours envisageable dans le scénario de l’élargissement de la guerre, de l’implication de l’Iran, du blocage des voies de navigation et de l’embrasement de toute la région du Moyen-Orient.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cette chronique été publié à L’Économiste Maghrébin N°884 du 20 décembre 2023 au 3 janvier 2024