L’économie russe souffre d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, selon une étude récente de Nikolaï Akhapkine, chercheur à l’Institut d’économie de l’Académie des sciences de Russie (RAS). Publié dans le RAS Herald, il montre que d’ici fin 2023, la Russie manquera d’environ 4,8 millions de travailleurs.
Akhapkin a observé que la pénurie s’est fortement aggravée au cours des deux dernières années, depuis le début des sanctions occidentales imposées à cause du conflit ukrainien, même si l’offre de main-d’œuvre, ou le nombre de personnes déjà employées, reste stable. La demande insatisfaite de travailleurs est déjà devenue un facteur de ralentissement de la croissance économique. Il a toutefois noté que la gravité de la tendance diffère selon les secteurs de l’économie.
Les niveaux de chômage en Russie ont atteint des niveaux record au cours de la même période, plongeant à 2,9 % en octobre, soit le niveau le plus bas depuis le début des années 1990, selon le service statistique du pays, Rosstat. Les experts considèrent cette tendance comme un signal alarmant, confirmant que le nombre de chômeurs diminue rapidement.
Le mois dernier, la gouverneure de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina, a qualifié la pénurie de main-d’œuvre de principal problème auquel l’économie est confrontée. De même, le ministre du Développement économique Maxim Reshetnikov a également souligné que cet indicateur était le principal facteur de risque interne du pays.
Le manque de personnel empêche les entreprises de produire le volume requis de biens et de services, ce qui entraîne une baisse des taux de croissance du PIB et une accélération de l’inflation, a déclaré à Izvestia Alexandre Safonov, professeur de psychologie et de développement du capital humain à l’Université financière de Russie.
Il a prédit que l’année prochaine, la pénurie de main-d’œuvre serait particulièrement aiguë dans les industries offrant de bas salaires, des conditions de travail difficiles et situées dans des régions éloignées. Il s’agit notamment de l’agriculture, du logement, des services communaux et de la construction.
Cependant, il a noté que les spécialistes en logiciels, ingénieurs, technologues, opérateurs de machines, conducteurs et spécialistes en robotique de haut niveau seraient toujours très demandés.