Au cours d’une année à très forts enjeux politiques, près de la moitié de la population mondiale sera concernée par des élections en 2024. Une trentaine de pays éliront leur président, dont la Tunisie. Tandis que des scrutins parlementaires sont également prévus dans une vingtaine de pays. Décryptage.
C’est dans un contexte géopolitique tendu, marqué par le conflit russo-ukrainien ainsi que par la guerre génocidaire menée par l’armée d’occupation israélienne à Gaza, que l’année 2024 s’annonce. Elle sera, selon les observateurs, à très forts enjeux politiques. Puisque certains de ces scrutins auront des conséquences majeures sur le plan local et surtout international, à l’image de l’élection présidentielle américaine.
Ainsi, une trentaine de pays éliront un homme ou une femme à la magistrature suprême, dont la Tunisie. Alors que des élections parlementaires seront organisées dans une vingtaine d’autres. Au total, près de 4 milliards de personnes, soit presque la moitié de l’humanité, glisseront leurs bulletins dans les urnes, durant cette année qui pointe du nez.
Parmi ces pays, figurent huit des dix nations les plus peuplées du monde : Bangladesh, Brésil, Inde, Indonésie, Mexique, Pakistan, Russie et États-Unis. A cela s’ajoute près de 400 millions d’Européens qui sont invités tous les cinq ans à se rendre aux urnes pour renouveler le Parlement de Strasbourg.
Mais, c’est surtout sur les États-Unis, la Russie, l’Inde et l’Union européenne avec ses 27 Etats membres que tous les projecteurs seront braqués à partir du mois de mars prochain.
USA : l’ombre pesante de Trump
En effet, les électeurs américains se rendront aux urnes le 5 novembre prochain pour désigner les « grands électeurs », chargés de choisir le futur locataire de la Maison-Blanche. Ils auront à départager l’actuel président démocrate Joe Biden, 81 ans, candidat à sa propre succession et son rival républicain, Donald Trump, 77 ans, qui à son tour rêve d’un come-back au parfum de revanche.
Ce duel choc entre vétérans qui tient en haleine les observateurs du monde entier finira-t-il par le retour triomphal annoncé par les sondages du sulfureux magnat de l’immobilier?
Il est encore trop tôt pour se prononcer, le match pouvant être terminé avant même d’avoir commencé, tant l’homme traîne des casseroles judiciaires. D’ailleurs, la Cour suprême du Colorado a décidé qu’il ne pouvait pas se présenter dans l’État en raison des actions qu’il a menées en lien avec l’attaque en janvier 2021 du Capitole. Une décision inédite qui pourrait, si elle était confirmée par la Cour suprême des Etats-Unis, faire boule de neige.
Russie : Poutine en roue libre
Vladimir Poutine, le tsar qui dirige d’une main de fer la Russie depuis 23 ans et qui a bidouillé la Constitution en 2020 pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036, briguera un énième mandat en mars prochain. Et ce, après avoir muselé ces dernières années l’opposition et la société civile russe sur fond de conflit en Ukraine. Ses principaux opposants politiques étant soit exilés, soit emprisonnés.
Moralité de l’histoire : en l’absence de concurrence, la route est libre pour le maître du Kremlin. Toutefois, l’enlisement de l’impopulaire guerre lancée contre l’Ukraine deux ans plus tôt pourrait se retourner contre lui tel un boomerang.
Inde : régression des libertés
Par ailleurs, dans le sous-continent indien, près d’un milliard d’électeurs sont appelés aux urnes en mai 2024. Et ce, pour désigner les députés à la chambre basse du Parlement, la Lok Sabha; dans ce pays devenu en 2023 le plus peuplé au monde, devant la Chine.
Toutefois, bien que le Bharatiya Janata Party du Premier ministre Narendra Modi, en poste depuis 2014, soit donné grand favori à ces élections, en partie grâce à son nationalisme affiché en faveur de la majorité hindoue, cette élection risque d’être entachée d’une nette régression des droits politiques et des libertés civiles.
UE : poussée des extrêmes
Plus de 400 millions d’électeurs appartenant à 27 pays européens désigneront entre le 6 et le 9 juin prochain 720 eurodéputés au suffrage universel direct à un tour. Dans un scrutin qui pourrait être marqué par une nouvelle poussée des extrêmes. La large victoire, fin novembre, du parti d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders aux élections législatives néerlandaises en est le symbole. Tout comme l’adoption par le Parlement français d’une version durcie du projet de loi sur l’immigration. Laquelle consacre une partie de l’idéologie lepiniste.
Tunisie : dans la poche
Enfin, en Tunisie, l’année 2024 sera également une année d’élections. D’abord, se tiendra en ce mois de janvier le second tour des locales; et ce, pour élire le Conseil des régions et des districts. Avant l’élection présidentielle prévue en principe en octobre prochain.
Reste la question de savoir si Kaïs Saïed, l’actuel locataire du palais de Carthage, qui briguera certainement un deuxième mandat, rééditera l’exploit de 2019 où il obtint un score aux allures de plébiscite (72,7 %)? L’avenir, c’est-à-dire 2024, nous le dira.