Au cours des 26 prochaines années, c’est-à-dire en 2050, 71 % des pertes de PIB de la Tunisie seront dues à des pénuries d’eau. C’est ce que nous apprend un article de la Banque mondiale qui se réfère au « Rapport national sur le climat et le développement en Tunisie ».
Selon ce rapport, « les pénuries d’eau, l’érosion côtière et les inondations réduiraient le PIB réel de 3,4 % en 2030, si rien n’était fait pour y remédier. Les pertes annuelles atteindraient 6,4 % du PIB en 2050, soit 10,4 milliards de dinars (3,4 milliards de dollars) en valeur actuelle nette ».
Dans les six pays où des rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) ont été réalisés, à savoir la Tunisie, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban et le Maroc, la BM souligne également que les pertes de PIB liées au climat se situeraient entre 1,1 et 6,6 % à l’horizon 2050. Tout en rappelant au passage que « l’interdépendance entre eau, énergie et production alimentaire est particulièrement complexe dans la région MENA ».
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Agriculture
En effet, beaucoup d’études indiquent que l’agriculture est un secteur très gourmand en eau. Alors que, pour leur part, les systèmes d’approvisionnement en eau (dessalement, traitement des eaux usées…) demeurent, eux, fortement énergivores. Ce qui illustre donc les liens étroits entre ces différents secteurs.
Par exemple, l’agriculture est le secteur le plus consommateur d’eau en Tunisie, avec des prélèvements qui culminent à plus de 75 % de la consommation totale, quand ils ne sont pas restreints.
Nécessité de modernisation des systèmes d’irrigation
Cela dit, il ne faudrait pas en vouloir trop au secteur agricole, en ce sens qu’il occupe une place prépondérante dans l’économie nationale. Puisqu’il représente près de 10 % du PIB du pays en 2022 et emploie plus de 14 % de la population active. Autant dire que le secteur contribue énormément à la sécurité, voire à une bonne partie, de l’indépendance alimentaire du pays.
Cependant, compte tenu de l’importance de l’utilisation de l’eau à des fins agricoles, les CCDR -rapports nationaux sur le climat et le développement- pour la région MENA présentent deux recommandations stratégiques à ce effet. En l’occurrence : le remplacement de l’eau douce par des eaux usées traitées; et une efficacité accrue de l’utilisation des ressources en eau par des mesures axées sur la demande, notamment la modernisation des systèmes d’irrigation.
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Ainsi, la BM appelle à « protéger les agriculteurs, à travers une révision des systèmes de culture, l’adoption de variétés tolérantes à la sécheresse, la promotion de cultures à plus forte valeur ajoutée, une amélioration des technologies d’irrigation et le recours à des solutions fondées sur la nature ».
Sauf que cela nécessite de gros investissements qui manquent cruellement à la Tunisie.