Comment expliquer qu’en pleine guerre à Gaza, l’armée d’occupation israélienne a frappé successivement au début de cette année le Liban, en visant un responsable du Hamas, puis l’Iran. Au risque d’embraser la région? La réponse coule de source : faire diversion à la guerre génocidaire qu’elle mène contre la population palestinienne dont le nombre de victimes s’élève à se jour à plus de 22 000 morts et 42 000 blessés.
Ainsi, une double explosion a frappé, hier mercredi 3 janvier, une foule célébrant l’anniversaire de l’assassinat du général de la Garde Qasem Soleimani. A savoir l’architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 lors d’une attaque de drone américain en Irak. Et ce, près de la mosquée Saheb al-Zaman dans la ville de Kerman en Iran, faisant au moins 95 morts et 211 blessés.
En réponse à cet attentat attribué par Téhéran à l’armée israélienne, l’ayatollah Ali Khamenei a promis une « réponse sévère » à Israël. Bien que pour l’heure cette attaque n’ait pas été revendiquée, il ne fait aucun doute que le Mossad est derrière cet attentat meurtrier.
« Les ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne ont une nouvelle fois provoqué un désastre et transformé en martyrs un grand nombre de personnes de notre peuple à Kerman. Cette catastrophe connaîtra une réponse sévère, si Dieu le veut », a promis, dans un communiqué, le guide suprême de la Révolution islamique.
Une cible de choix pour le Mossad
Simple coïncidence? Un jour avant l’explosion de Karman en Iran, une frappe de drone israélien aura visé mardi 2 janvier un immeuble dans la banlieue sud de Beyrouth- fief du Hezbollah visé pour la première fois depuis la guerre de 2006- où se trouvait Saleh al-Arouri, le numéro deux du bureau politique du Hamas. Le Palestinien de 57 ans, a été tué en compagnie de six autres personnes, dont deux commandants de l’aile militaire.
Après avoir passé près de vingt ans au total dans les prisons israéliennes, Saleh al-Arouri avait été libéré en 2010, à la condition qu’il s’exile de la Cisjordanie.
De Damas à Istanbul, puis à Beyrouth, il avait rejoint le bureau politique du Hamas en exil, jusqu’à en devenir le numéro deux en 2017. Il était élu en 2017 adjoint d’Ismaïl Haniyeh, devenant ainsi officiellement le numéro 2 du bureau politique du mouvement islamiste. Agé de 57 ans et né en Cisjordanie, il était le commanditaire de plusieurs opérations militaires menées contre l’Etat hébreu; notamment de la salve de roquettes tirée en avril 2023 à partir du Liban-Sud. De même qu’il agissait comme l’un des principaux négociateurs du dossier de la libération des otages détenus par le Hamas
« Son assassinat est un tournant dans l’histoire du Hamas. Il en était une figure historique, très respectée en Cisjordanie comme par tous les acteurs de l’axe de la résistance au Liban, au Yémen, en Syrie et en Irak », estime un fin analyste en géopolitique au Moyen-Orient. « Avec lui, c’est l’un des artisans les plus actifs d’une réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas et d’une unité des factions palestiniennes qu’Israël a éliminé ».
Le Hezbollah au pied du mur
Selon les observateurs, cet assassinat spectaculaire est le plus gros coup porté par Israël contre le Hamas depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre. Et il s’inscrit dans le cadre de l’élimination des dirigeants du mouvement Hamas à Gaza et en exil. Sachant que c’est la première fois depuis le début de la guerre à Gaza qu’Israël frappe Beyrouth. Puisque les affrontements entre Tsahal et le Hezbollah étaient jusque là limités aux zones frontalières dans le sud du Liban.
Dès mardi soir, l’allié du Hamas palestinien et bras armé de Téhéran a dénoncé une «grave agression contre le Liban ». Tout en prévenant que « l’assassinat de Saleh al-Arouri ne ne restera pas sans riposte ou impuni».
Pour sa part, le Premier ministre libanais Najib Mikati a accusé Israël de « vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation ».
Blinken en pompier
A noter enfin que l’assassinat du numéro deux du bureau politique du Hamas a ravivé les craintes d’une extension du conflit opposant le Hamas et Israël dans la bande de Gaza. Pour preuve, l’armée d’occupation israélienne se dit prête à toute éventualité « Les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés à tout scénario ».
Un signe ne trompe pas du risque d’embrasement au Moyen-Orient après la mort d’un chef du Hamas et l’attentat en Iran : le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken entame ce jeudi une nouvelle tournée au Moyen-Orient; et ce, dans l’espoir d’éviter une expansion de la guerre à Gaza.
A suivre.