Plus de 13 ans après le 14 janvier 2011, les discours haineux ont connu des turbulences importantes dans le paysage politique. Aujourd’hui, la question essentielle est la suivante : qu’en est-il? Plus encore, sommes-nous en régression face au discours haineux ou est-ce tout simplement le contraire? Autant d’interrogations qui ont été abordées lors de la conférence de presse organisée par la Coalition Ofiya pour présenter les résultats de la mesure de la performance des médias et les résultats de la surveillance des discours de haine sur les réseaux sociaux, lors du premier tour des élections locales.
Ibrahim Zoghlami, président de la Coalition Ofiya, a mis l’accent sur deux volets. Le premier consiste à dresser le bilan du traitement médiatique vis-à-vis des élections locales; et le second volet a porté sur les discours haineux sur les réseaux sociaux.
Dans le premier volet, si l’on examine de près la situation, on se rend compte que tout le monde est conscient des difficultés auxquelles le citoyen lambda est confronté dans sa vie quotidienne. Entre les différentes pénuries (farine, lait, sucre, riz, café…) et la queue pour avoir du pain, il est peu probable qu’il ait l’intention de faire la queue pour voter, a-t-il commenté entre autres.
Ensuite, force est de constater l’absence des partis politiques et du côté juridique l’absence de textes de loi définissant les attributions des conseils locaux, ainsi que leur rôle. Le candidat, tant qu’il ne connaît pas ses fonctions exactes ou ses attributions, ne peut rien y faire. Il en va de même de l’électeur, pourquoi voterait-il pour des personnes n’ayant aucun pouvoir?
En effet, l’ISIE n’a pas effectué de classification. L’absence des partis politiques est un problème et « je lance un appel à la révision du décret 55. À mon avis, il devrait être modifié, car cela ne fait pas partie des coutumes des Tunisiens. Ainsi, la construction démocratique par la base devrait être revue ».
En ce qui concerne le volet des discours haineux, sur 5 200 messages, on a observé 11 % de discours haineux; alors qu’une grande partie revient à des commentaires haineux. Les gens ne veulent plus poster de statuts sur les réseaux sociaux, mais préfèrent se cacher derrière des commentaires, pour éviter les poursuites. Par contre, on assiste à un retour en arrière avec une augmentation des discours sexistes. Les discours haineux trouvant ainsi un exutoire dans les attaques contre les femmes. Cependant, en faisant le bilan des discours, on note une large baisse des discours haineux. Elle s’explique par le décret 54 qui plane au dessus des têtes, tel une épée de Damoclès.