Il ne fait aucun doute que les attentes pour 2024 ont été influencées par l’expérience du sentiment des investisseurs en 2023, lorsque les attentes initiales négatives ont été contrecarrées par des surprises macroéconomiques positives. En fait, les prévisions du consensus Bloomberg pour la croissance mondiale ont fini par augmenter considérablement de 80 points de base tout au long de 2023, passant d’un taux « récessionniste » de 2,1 % en janvier à un taux plus acceptable de 2,9 % en décembre.
Par conséquent, cette année, les analystes sont plus prudents dans leurs prévisions. Les prévisions consensuelles de Bloomberg indiquent actuellement une expansion faible, mais toujours positive, de 2,7 % en 2024. Cela implique une modération par rapport à l’année dernière, maintenant la croissance mondiale nettement en dessous de la moyenne à long terme de 3,4 %.
Consensus Bloomberg contre croissance mondiale moyenne à long terme
(a/a, croissance, %)
Sources: Bloomberg, analyse QNB
À l’aube de 2024, nous sommes légèrement plus optimistes que le consensus, puisque nous voyons l’économie mondiale croître de 2,9 %, soit à peu près au même rythme que l’année dernière. Toutefois, si notre vision globale n’est pas sensiblement différente de celle du consensus, nos projections diffèrent sensiblement selon les grandes économies et les régions.
Sur le plan négatif, nos attentes en matière de croissance aux États-Unis sont très différentes de celles du consensus. Alors que la plupart des analystes s’attendent à ce que les États-Unis connaissent un « atterrissage en douceur », où la croissance ralentira légèrement, nous prévoyons un ralentissement économique plus profond. Selon nous, l’économie américaine devrait croître de 0,6 % en 2024, soit nettement moins que les 1,2 % prévus par le sondage des prévisionnistes de Bloomberg et que les 2 % de croissance moyenne à long terme. Notre point de vue implique même une récession américaine « courte et superficielle » au premier semestre 2024.
Notre point de vue sur l’affaiblissement de l’économie américaine repose sur trois points principaux. Premièrement, l’économie américaine ralentit déjà rapidement. Après une croissance extraordinaire du PIB de 4,9 % en rythme annualisé au troisième trimestre 2023, la Réserve fédérale d’Atlanta estime maintenant que la croissance ne sera que de 2,0 % au quatrième trimestre. Cette décélération soudaine et rare suggère un ajustement rapide à un environnement macroéconomique moins favorable. Deuxièmement, après une période d’effervescence, les investissements chutent brutalement, les intentions de dépenses en capital s’approchant désormais du territoire négatif. Cette évolution est due à un repli du secteur privé en raison de l’augmentation du coût de la dette. Troisièmement, la politique budgétaire américaine se transforme rapidement d’un vent arrière en un vent contraire. La poussée budgétaire américaine, qui mesure la contribution nette des politiques budgétaires du gouvernement à la croissance, devrait décélérer, passant d’un taux positif de 1,9 % en 2023 à un taux négatif de 1,4 % en 2024. L’économie américaine devrait donc ralentir davantage que ne le prévoient actuellement la plupart des analystes.
Prévisions de croissance du PIB pour 2024 par grande économie
(a/a, croissance, %)
Sources: Bloomberg, analyse QNB
En revanche, nous prévoyons que la zone euro et la Chine dépasseront les prévisions du consensus. Dans la zone euro, malgré la stagnation actuelle, fondée sur des conditions financières tendues, une faible demande extérieure et une vulnérabilité énergétique durable, il existe une marge pour des améliorations modestes. Nous pensons que l’inflation reviendra à l’objectif plus rapidement que prévu actuellement, ce qui permettra à la Banque centrale européenne (BCE) d’abaisser ses taux plus tôt et de manière plus importante. En outre, la zone euro devrait bénéficier d’une reprise modérée de la récente « récession manufacturière mondiale », qui a pesé négativement sur les principaux exportateurs européens. Une inflation en baisse rapide dans un contexte de marchés du travail relativement solides devrait également produire des gains de revenus réels, ce qui pourrait stimuler la consommation discrétionnaire. Par conséquent, nous prévoyons une croissance modeste, mais supérieure au consensus, de 0,8 % dans la zone euro en 2024, ce qui reste faible par rapport à la moyenne à long terme de 1,4 %.
En Chine, après une période d’expansion consécutive à la « réouverture » de la fin de la pandémie, l’économie a de nouveau perdu de son dynamisme en raison de la faiblesse de l’immobilier et de la faible confiance des consommateurs. La déflation a commencé à s’installer, les ménages semblant déterminés à épargner davantage. Il est important de noter que le gouvernement vise une stratégie de croissance plus équilibrée, privilégiant la stabilité à long terme et la sécurité nationale plutôt que les plans de relance agressifs du passé. Les mesures de relance budgétaire et monétaire devraient être limitées mais fermes, calibrées pour soutenir un niveau d’activité normal plutôt qu’une explosion des investissements. Les organismes publics disposent d’une marge de manœuvre importante pour stimuler et prévenir un ralentissement plus important, malgré tous les défis existants. Les réformes microéconomiques devraient se poursuivre et améliorer progressivement le climat des affaires, en ramenant les » esprits animaux » qui avaient été touchés par le durcissement de la réglementation à partir de 2022. Enfin, le pays devrait également bénéficier de la reprise manufacturière mondiale. En conséquence, nous prévoyons une croissance modérée d’environ 5 % pour la Chine en 2024, inférieure à la moyenne à long terme de 6,2 %.
Dans l’ensemble, l’économie mondiale devrait rester peu dynamique en 2024, avec une croissance inférieure à sa moyenne à long terme. Les trois principales économies (États-Unis, zone euro et Chine) devraient connaître une croissance inférieure à leur moyenne à long terme. En ce qui concerne les performances par rapport aux attentes du consensus, il semble toutefois y avoir trop d' »optimisme » pour la croissance américaine et de « pessimisme » pour la croissance de la zone euro et de la Chine.
D’après communiqué