En dépit des prévisions pessimistes de la plupart des analystes au début de l’année 2023, l’économie mondiale s’est révélée plus résiliente que prévu. Après une révision à la hausse de 0,4%, le taux de croissance est estimé à 2,6% en cette fin d’année. Le ralentissement de l’inflation mondiale, après les niveaux record enregistrés en 2022 suite à la crise énergétique et à la hausse des prix des produits alimentaires, est à l’origine de cet atterrissage en douceur. Toute- fois, rien n’indique qu’un rebond de croissance surviendra en 2024. Bien au contraire, la multiplication des risques et des incertitudes qui planent sur l’économie mondiale ne peut que rendre plus probable le scénario d’une récession.
Des risques géopolitiques
Un prolongement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et un élargissement du périmètre du conflit au Moyen-Orient ne pourront qu’alimenter un dérapage inflationniste qui freinera toute tentative d’assouplissement monétaire envisagée par de nombreuses banques centrales. Le maintien de taux d’intérêt élevés pèsera lourd sur le retour de la croissance, la dynamique de l’investissement et la soutenabilité de la dette.
Des risques politiques
L’année 2024 sera l’année des élections par excellence. Près des deux tiers des électeurs au monde seront appelés aux urnes. L’impact des résultats des scrutins en Europe, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Inde et ailleurs pourrait façonner un nouveau monde. Une montée du populisme stimulera certainement l’expansion du protectionnisme et entravera l’expansion du commerce international.
Des risques climatiques
Les engagements décevants conclus lors de la COP 28 seront largement insuffisants pour faire face au réchauffement qui enflamme la planète. Les vagues de chaleur et de sècheresses continueront sans doute l’année prochaine, en dépassant ou pas les records enregistrés en 2023, l’année la plus chaude de l’histoire selon le service européen Copernicus.
Les risques qui guettent l’économie mondiale n’épargnent pas la Tunisie. Le retard dans la transition environnementale et la montée du stress hydrique ne peuvent qu’amplifier les menaces géostratégiques et leurs répercussions sur la facture des subventions des produits alimentaires et énergétiques. Reste à espérer que les élections prévues à l’automne 2024 permettront de renouer avec la sagesse économique et de délaisser la surenchère politique, pour mettre le pays sur le sentier d’une croissance plus soutenue et plus inclusive.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n° 885 du 3 au 17 janvier 2024