Pour mieux gouverner le secteur de l’eau et assurer une gestion durable et équitable des ressources disponibles, il faut fournir les données statistiques et analytiques relatives à ces ressources à l’échelle régionale et nationale et en améliorer la qualité. C’est ce qu’indique l’ONAGRI, dans une note d’analyse publiée récemment.
Ces données constituent un outil d’aide à la décision, souligne la note qui calcule et évalue les indicateurs relatifs à l’efficience de l’utilisation de l’eau et au stress hydrique dans les gouvernorats de Zaghouan, Nabeul, Mahdia et Kébili.
« En Tunisie, le secteur agricole est le plus gros consommateur d’eau (environ 80 % de l’utilisation totale de l’eau). Mais par rapport aux autres secteurs d’activités, il génère une efficience d’utilisation de l’eau plus faible. D’où l’importance à la fois d’une gestion rationnelle de l’irrigation et d’une meilleure valorisation des ressources en eau dans ce secteur. Et ce, en favorisant les cultures moins consommatrices d’eau et ayant une bonne valeur ajoutée », lit-on dans le document de l’ONAGRI.
L’analyse de la répartition des prélèvements d’eau par secteur d’activité au niveau des quatre gouvernorats montre donc que le secteur agricole occupe la première place avec des pourcentages différents d’un gouvernorat à l’autre. Il est de 97,6 % à Kébili, 89,6% pour Nabeul, 76,4 % pour Zaghouan et 53 % pour Mahdia. Vient ensuite le secteur des services (44 % pour Mahdia), puis le secteur de l’industrie (5,5 % à Zaghouan).
Ainsi, accroître la productivité de l’eau dans l’agriculture (la valeur de la production rapportée à la quantité d’eau consommée) est essentiel pour améliorer l’efficience de l’utilisation de l’eau, en particulier dans les économies basées sur l’agriculture. Dans ce cadre, la réduction des pertes d’eau au niveau des réseaux d’irrigation à l’échelle de la parcelle est d’importance capitale pour augmenter l’efficience globale d’utilisation de l’eau.
En outre, les résultats de cette analyse indiquent que l’indicateur du niveau de stress hydrique est assez élevé pour tous les gouvernorats.
Le stress hydrique survient, en effet, lorsque le rapport entre l’eau douce prélevée et les ressources d’eau douce renouvelables totales (après avoir pris en compte de débit écologique) dépasse le seuil de 25 %. A l’échelle mondiale, le niveau de stress hydrique a atteint 18,6 % en 2019, contre 18,4 % en 2006. En Tunisie, cet indicateur a atteint 109,6 % en 2020, contre 73 % en 2006. Des écarts importants sont observés d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre et au sein du même pays.
Selon la note de l’ONAGRI, le gouvernorat de Kébili qui dispose du plus grand volume d’eau affiche le stress hydrique le plus élevé (228 %). Soit plus de deux fois le stress hydrique évalué à l’échelle nationale pour l’année 2020. Ceci est dû à une forte surexploitation des nappes souterraines et de l’existence de forages illicites.
Dans le gouvernorat de Zaghouan, l’indicateur de stress hydrique a été évalué à 94,7 % en 2020, avec une légère augmentation par rapport à 2018 (93,7 %). Il est légèrement inférieur à la moyenne nationale qui a atteint 109,6 % en 2020 et 96 % en 2018.
L’indicateur du stress hydrique au niveau de Mahdia a été évalué quant à lui à 121,4 % en 2020. Enregistrant ainsi une augmentation de 2 % par rapport à 2018. Pour le gouvernorat de Nabeul, cet indicateur a atteint 156,3 % en 2020, dépassant ainsi la moyenne nationale de 42 %.
Améliorer la disponibilité et la qualité des données relatives à l’eau
Les auteurs de cette note pensent ainsi que « pour une bonne gouvernance du secteur de l’eau et une gestion durable et équitable des ressources en eaux, il est recommandé d’institutionnaliser l’évaluation des indicateurs relatifs à cette ressource au niveau de chaque gouvernorat. Ce qui permettra au décideur de revoir la stratégie de production agricole ainsi que celle de l’allocation de la ressource entre les différents usages et les différentes régions du pays ».
Par ailleurs, il est préconisé de renforcer les capacités des différents arrondissements au sein des Commissariats régionaux au développement agricole (CRDAs). Et tout particulièrement le département statistique pour le suivi et l’évaluation de ces indicateurs dans le futur. Afin de créer de la cohérence entre les différentes données fournies par les différents arrondissements.
Étant donné que les données nécessaires pour le calcul et l’évaluation de ces indicateurs concernent des secteurs différents et proviennent de sources différentes, une coordination intersectorielle nationale est indispensable pour assurer la collecte régulière et en temps voulu des données. En outre, il est nécessaire de réaliser des études spécifiques pour l’évaluation des débits écologiques sur la base des données propres aux gouvernorats.
Avec TAP