Suite à la frappe aérienne qui a ciblé lundi 8 janvier la voiture du commandant Wissam Hassan Tawil, un haut responsable militaire au Hezbollah, l’ouverture d’un deuxième front entre le mouvement chiite libanais et l’Etat hébreu risque d’embraser la région du Moyen-Orient. Un scénario que redoute le renseignement américain. Ainsi, selon le WashingtonPost, le Hezbollah « pourrait cibler des sites stratégiques en Israël comme les installations pétrochimiques et les réacteurs nucléaires », en riposte à une invasion de Tsahal.
Qui arrêtera la folie meurtrière du chef du gouvernement ultraconservateur israélien? Afin de détourner le regard du monde de la guerre génocidaire qu’il mène depuis plus que trois mois contre la population palestinienne à Gaza. Et pour mieux cacher les failles sécuritaires du renseignement lors de l’attaque de Hamas le 7 octobre dont il est le premier responsable et surtout pour retarder au maximum le jour où il devra rendre compte de ces déboires judiciaires, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou cherche manifestement à noyer le poisson en ouvrant un deuxième front contre le Hezbollah, le mouvement chiite libanais pro-iranien au Liban. Au risque d’entrainer par ricochet les Américains dans ce conflit et d’embraser ainsi toute la région du Moyen-Orient dans un chaos incontrôlable.
Risque de métastases
Ce qui explique la tournée actuelle du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken au Moyen -Orient où il a successivement fait escale en Jordanie, au Qatar, aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite avant de se rendre à Tel-Aviv. « Il s’agit d’un conflit qui pourrait facilement se métastaser, causant encore plus d’insécurité et de souffrance », a-t-il averti lors d’une conférence de presse à Doha, au côté du Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani.
Pour sa part, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré samedi 8 janvier lors d’une conférence de presse à Beyrouth avec le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bouhabib, « qu’il est impératif d’éviter une escalade régionale au Moyen-Orient. Il est absolument nécessaire d’éviter que le Liban ne soit entraîné dans un conflit régional. Je m’adresse également à Israël : personne ne sortira gagnant d’un conflit régional », a-t-il assuré.
Le Hezbollah défié dans son propre fief
C’est dans ce contexte explosif qu’il faut replacer la situation. Ainsi, dans un premier temps, une frappe israélienne visait, mardi 2 janvier, le propre fief du Hezbollah au sud de Beyrouth, tuant Saleh al-Arouri, le numéro deux du bureau politique du Hamas et six autres personnes, dont deux commandants de l’aile militaire. Six jours plus tard, une deuxième frappe aérienne a ciblé lundi 8 janvier la voiture du commandant Wissam Hassan Tawil, un haut responsable militaire au sein du mouvement chiite libanais.
Il s’agit du plus haut responsable militaire du Hezbollah, qui affirme avoir perdu plus de 135 combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban. Et ce, depuis qu’il a ouvert le front contre l’armée d’occupation israélienne pour soutenir le Hamas palestinien. « Le commandant Wissam Hassan Tawil qui jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations militaires dans le sud a été touché mortellement par une frappe israélienne ayant visé sa voiture dans le village de Kherbet Selm, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël ». C’est ce qu’a indiqué un responsable des services de sécurité libanais à l’AFP. Alors, le Hezbollah restera-t-il les bras croisés face à la provocation délibérée de Tel-Aviv?
Le scénario catastrophe
Notons à ce propos que selon les révélations véhiculées par le Washington post dans son édition du 7 janvier 2024, l’administration américaine ne cache pas sa préoccupation de voir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, élargir le conflit au Liban pour assurer sa survie politique.
En effet, Washington aurait mis en garde Israël contre une escalade significative au Liban. « Une nouvelle évaluation secrète de l’Agence de Renseignement de la Défense (DIA) a conclu qu’il serait difficile pour les Forces de Défense Israéliennes (FDI) de réussir si elles optaient pour une telle action. Car leurs ressources militaires seraient trop étirées en raison du conflit à Gaza », rapporte le quotidien américain.
Selon le Post « le Pentagone redoute un conflit total entre Israël et le Liban. En estimant que les pertes pourraient dépasser celles de la guerre Israël-Liban de 2006, en raison de l’arsenal bien plus conséquent du Hezbollah. Les conséquences pourraient être désastreuses, entraînant des centaines de milliers de victimes potentielles et des évacuations massives dans le nord d’Israël ».
Pire pour l’Etat hébreu. Toujours selon le quotidien américain « le Hezbollah pourrait cibler des sites stratégiques en Israël, comme les installations pétrochimiques et les réacteurs nucléaires et l’Iran pourrait mobiliser des milices à travers la région. Ces événements pourraient élargir le conflit au-delà des deux parties initiales, avec des conséquences potentiellement dévastatrices ».
La coalition à la fibre du sionisme messianique qui compose le gouvernement israélien prêtera-elle une oreille attentive aux arguments de son allié américain? L’administration de Joe Biden pourra-t-elle forcer la main à Netanyahou le va-t-en-guerre? Il est permis d’en douter.