Les Allemands sont en train de souffrir de graves perturbations dans les transports. Une grève nationale de trois jours, de mercredi à vendredi soir, déclenchée par les conducteurs de train de mercredi a semé le chaos dans la plus grande économie d’Europe, déjà ébranlée par les manifestations d’agriculteurs.
Pour les Tunisiens, suivre ces évolutions entre dans le cadre de la veille économique. Juste pour rappel, la moyenne des exportations tunisiennes vers l’Allemagne s’élève à plus de 685 millions de dinars par mois.
Les conducteurs de train mettent la barre haute
Le débrayage du syndicat des conducteurs de train GDL a pratiquement paralysé les transports ferroviaires dans le pays, la Deutsche Bahn (DB), l’entreprise ferroviaire publique, n’offrant aux voyageurs qu’un horaire d’urgence réduit. Environ 80 % des services longue distance ont été annulés; tandis que les lignes régionales seront touchées à des degrés divers.
Il s’agit de la troisième et plus importante grève des conducteurs depuis que leur syndicat a entamé des négociations avec DB et d’autres transporteurs en novembre 2023. Le syndicat réclame une réduction des heures de travail de 38 à 35 heures par semaine pour ceux qui travaillent par poste, ainsi qu’une augmentation de salaire de 555 euros par mois et une prime unique de compensation de l’inflation de 3 000 euros.
L’opérateur ferroviaire a offert une certaine flexibilité en matière d’horaires de travail, mais a refusé de réduire les heures de travail sans baisse de salaire.
L’impact de la grève ne s’est pas limité aux désagréments subis par les voyageurs. Il a affecté également les entreprises européennes qui dépendent du transport ferroviaire de marchandises et de matières premières. Près de 60 % des services de transport de marchandises de la DB sont effectués à travers l’Europe et six des 11 corridors de transport de marchandises en Europe passent par l’Allemagne.
Les agriculteurs exigent le maintien des subventions
Les grèves nationales des chemins de fer interviennent alors que les agriculteurs allemands ont promis d’intensifier leurs manifestations nationales contre les réductions prévues des subventions aux carburants par le gouvernement. Depuis le début de la semaine, les agriculteurs ont bloqué de nombreuses routes et entrées d’autoroutes à travers le pays avec leurs tracteurs et ont également organisé des rassemblements dans les villes, perturbant considérablement le trafic.
Par ailleurs, le président de l’association des agriculteurs allemands s’est engagé depuis mercredi dernier à intensifier son mouvement. Dans des scènes plus familières en France, les agriculteurs ont bloqué des routes et des autoroutes avec des convois de tracteurs et ont défilé dans les grandes villes pour tenter de faire pression sur le gouvernement afin qu’il abandonne tous les projets de réduction des subventions agricoles.
Le cocktail ressemble de plus en plus à une grève générale, un événement qui n’a jamais eu lieu dans le pays depuis 118 années. L’inquiétude est profonde car il y a aussi une dose de violence. Ainsi, le ministre de l’Economie a échappé de justesse à des altercations physiques avec une foule de manifestants très en colère le week-end dernier, quelque chose de jamais vu auparavant. Un de ses collègues a été également empêché de débarquer d’un ferry alors qu’il rentrait de vacances privées la semaine dernière.
Le gouvernement est bloqué
La situation est très délicate. Le gouvernement de coalition allemand, dirigé par le chancelier Olaf Scholz, avait cherché à réaffecter des dizaines de milliards d’euros de fonds inutilisés pour la lutte contre la pandémie à la transformation de l’économie et à la lutte contre la crise climatique. Les plans budgétaires ont, toutefois, été bouleversés en novembre lorsqu’il a été jugé que la réaffectation des fonds d’urgence était inconstitutionnelle.
Depuis, les agriculteurs s’insurgent contre les projets du gouvernement visant à supprimer les avantages fiscaux accordés au secteur agricole. Le gouvernement a déjà partiellement annulé les réductions de subventions prévues. Une réduction de la taxe sur les véhicules agricoles serait maintenue; tandis qu’une subvention sur le diesel serait progressivement supprimée sur plusieurs années. Cela a encouragé les manifestants à continuer de faire pression, espérant que le reste des mesures sera aussi annulé.
La facture sera lourde pour un gouvernement de coalition divisé en interne. Les partis politiques sont dans une année électorale cruciale, ce qui rend les compromis encore plus compliqués.