Un récent dossier publié par l’ASBU nous apporte un éclairage certain sur le commentaire sportif devenu tout un art. Un commentaire qui a investi aujourd’hui tous les sports, et pas seulement le football comme à ses débuts. Et tous les médias, et plus seulement la radio, comme ce fut aussi le cas à son commencement.
Quel est le premier commentateur sportif de la région arabe? Beaucoup seront tentés sans doute de donner le nom de l’Egyptien Mohamed Latif que l’on surnomme, du reste, « le capitaine Mohamed Latif ». Faux, nous dit Achraf Mahmoud, rédacteur en chef du quotidien égyptien Al Ahram. Car, le premier commentateur sportif de la région arabe, « celui qui a introduit les règles du reportage sportif », assure encore Achrouf Mahmoud, n’est autre que Mahmoud Badreddine. Moins connu que Mohamed Latif, Mahmoud Badreddine a travaillé pour la radio égyptienne au cours de la moitié du siècle dernier. Il est celui qui a donné à l’art du commentaire des rencontres de football ses lettres de noblesse.
Le commentaire sportif est effectivement un véritable art qui a investi, de nos jours, tous les sports, et pas seulement le football comme à ses débuts. Et tous les médias, et plus seulement la radio, comme ce fut aussi le cas à son commencement. Une longue évolution que nous raconte l’universitaire marocain Abdelmajid Fadhel (il a dirigé l’Institut supérieur de l’information et de la communication de Rabat) dans une récente édition d’ »Al Idhaat Al Arabya » (les institutions de radiodiffusion arabes) de l’Union des radiodiffuseurs arabes (ASBU), le n°3 de l’année 2023.
Le premier commentateur sportif de la région arabe, « celui qui a introduit les règles du reportage sportif », n’est autre que Mahmoud Badreddine.
Importance des statistiques
Ecrit avec la rigueur d’un universitaire, l’article d’Abdelmajid Fadhel nous explique notamment comment le commentaire sportif a participé à faire de la retransmission des rencontres sportives un vrai spectacle. Par, d’abord, le jeu des caméras qui immortalisent les actions et vont au plus près que l’œil du spectateur qui ne perçoit pas toujours lorsqu’il est dans les enceintes sportives.
Par, ensuite, la qualité du commentaire devenu une affaire de spécialistes. Les commentateurs sont plus aguerris, souvent formés dans des écoles de journalisme et bénéficiant de nombreuses sessions de formation; mais aussi s’aidant de nombreuses données qui éclairent d’un autre jour les rencontres. Les statistiques figurent parmi ces données. Comme du reste la riche littérature des consultants et autres experts auxquels les journalistes font appel. Sans oublier l’aide que va sans cesse fournir l’Intelligence Artificielle (IA) qui ne peut logiquement que faire partie du décor sportif.
Des tons « émotionnels »
Abdelmajid Fadhel n’a pas oublié de présenter les deux « écoles » du commentaire sportif dans le monde : l’école sud-américaine et l’école européenne. La première, à l’exemple du commentaire sportif brésilien, est largement connu pour ses tons « émotionnels ». Avec ses cris à tout rompre. La seconde se distingue par son « cartésianisme ». Et avec ses « analyses froides et objectives ».
Et le commentaire dans la région arabe dans tout cela? Achref Mahmoud revient sur l’expérience visant à créer une « école » du commentaire sportif arabe. En mettant en exergue la réunion à Sousse, dans le Sahel tunisien, en 1975, du Premier congrès des commentateurs sportifs arabes. Afin notamment de mettre en place un dispositif langagier qui puisse unir les commentaires sportifs du Maghreb et du Machrek.
Le Grand Taher Mbarek
L’article a surtout permis de faire connaissance avec des commentateurs de la région arabe qui ont laissé leur empreinte. Dont notamment, pour la Tunisie, le Grand Taher Mbarek, dont la voix résonne encore dans la mémoire de plus d’un.
Publié à quelques encablures de l’organisation de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tient en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024, le dossier sur le commentaire sportif publié par la revue de l’ASBU vaut bien le détour.