On ne frappe pas un homme à terre. Dans un geste qui ne manque pas de hauteur, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décidé de retirer la plainte initialement déposée le 27 mai 2023 devant les autorités judiciaires après une tentative d’assaut contre son siège par des partisans du Parti destourien libre et de sa présidente, Abir Moussi.
Selon les syndicalistes, Mme Moussi et ses partisans ont tenté « de prendre d’assaut le siège de l’UGTT et d’agresser ses agents » estimant que cet « acte hostile » est motivé par « une haine profonde envers la centrale ouvrière et le travail syndical indépendant ». Et considérant que « les slogans scandés par les agresseurs étaient identiques à ceux scandés par les ligues de la protection de la révolution » lors de leur attaque perpétrée contre le siège de l’UGTT à la place Mohamed Ali le 4 décembre 2012 ».
Règlement de compte ?
Ainsi, le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail, Sami Tahri, confirma, jeudi 18 janvier 2024 au site « Al-Chaab News », que le bureau exécutif a décidé de retirer la plainte déposée contre la Abir Moussi, ajoutant qu’au moments des faits, « les dirigeants de la place Mohamed Ali place n’avaient pas initialement intenté de poursuites judiciaires, mais ont été contraints de le faire après l’insistance des agresseurs à justifier l’attaque et à défier les syndicalistes qui ont fait face aux agresseurs sur le terrain ».
Le SG-adjoint de l’UGTT s’est d’autre part dit surpris que cette affaire surgisse aujourd’hui devant de la scène alors que la plainte avait été déposée depuis le mois de mai dernier ; rejetant à l’occasion « toute tentative d’exploiter cette affaire dans le but d’utiliser le Syndicat pour régler des comptes ».
Trois en un
Rappelons à ce propos qu’Abir Moussi a été arrêtée le 3 octobre dernier et placée en détention après l’émission d’un mandat de dépôt à son encontre. Elle est accusée « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ».
En plus de ces accusations gravissimes, Abir Moussi est une nouvelle fois sujette à trois autres enquêtes Ainsi, selon les déclarations du porte-parole de la Cour d’appel de Tunis, Habib Tarkhani, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis a autorisé l’ouverture de trois instructions contre « une avocate », sans la nommer empressement.
« La première affaire a été autorisée suite à une plainte déposée par l’Union générale tunisienne du travail, qui a accusé Abir Moussi ainsi que certains parmi ses partisans, d’avoir manifesté devant le siège de la centrale syndicale le 27 mai 2023, occupant ainsi sa cour et perturbant son fonctionnement. Elle est également accusée d’avoir scandé des slogans diffamatoires hostiles à l’UGTT ». C’est ce qu’a précisé le porte-parole de la Cour d’appel de Tunis, mercredi 17 janvier 2024, sur les ondes de Mosaïque FM.
« Les deux premières affaires, ajoute la même source, sont liées à deux plaintes déposées par le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, qui l’a accusée d’avoir publié une vidéo sur ses médias sociaux le 26 janvier 2023, accusant l’Instance de falsification des élections, et d’avoir publié une deuxième vidéo le 27 janvier 2023, affirmant que l’Instance falsifierait les élections et proférant des accusations diffamatoires à son encontre ».
Me Krifa : « On veut se débarrasser d’un adversaire politique »
Réagissant à l’ouverture de ces dernières enquêtes par le procureur de la République, le membre du comité de défense d’Abir Moussi, Me Karim Krifa, a déclaré lors d’une conférence de presse organisée lundi dernier qu’une nouvelle enquête a été ouverte à l’encontre de sa cliente « en vertu de l’article 24 du décret 54 », sur la base d’une plainte déposée par le président de l’Isie en décembre 2022. « Cette affaire est une tentative de se débarrasser d’un adversaire politique sérieux à la prochaine élection présidentielle », a-t-il conclu.
« Un timing suspect »
Abondant dans ce sens, Me Naoufel Bouden, également membre du comité de défense de la présidente du Parti destourien libre, déclara que le timing de la nouvelle affaire engagée contre sa cliente dans le cadre d’une plainte déposée par l’Isie est tout au moins « suspect ».
« Il est surprenant que la plainte de l’Isie soit déposée suite au deux vidéos publiés le 26 et 27 janvier 2O23, mais le dossier n’eût été
instruit que le 3 janvier 2024 », a-t-il expliqué lors de son intervention mardi 16 janvier 2024 sur les ondes de IFM, avant de rappeler que la présidente du PDL est candidate à la présidentielle de 2024.
Il convient de rappeler que Mme Moussi a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle en février 2022.