Des substances chimiques toxiques, dont certaines sont interdites au niveau mondial, ont été trouvées dans des emballages alimentaires en papier et en carton à usage unique achetés dans 16 pays et en Tunisie, auprès de certaines enseignes internationales de restauration rapide, constate une étude publiée, récemment, par le Réseau international pour l’élimination des polluants toxiques (IPEN).
Les 16 autres pays concernés par cette étude appartiennent aux Caraïbes et aux régions d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord et du Sud.
L’étude, menée en collaboration avec l’Association tunisienne d’éducation environnementale pour les générations futures (AEEFG) et 17 autres groupes membres de l’IPEN, a détecté, à travers des analyses d’échantillons d’emballages, des produits chimiques associés au cancer, à l’infertilité et à la perturbation endocrinienne.
Ces substances connues scientifiquement sous l’appellation per-et polyfluoroalkyles (PFAS) sont aussi appelées « Forever Chemicals » ou « produits chimiques éternels », en raison de leur extrême persistance dans l’environnement.
En Tunisie, les per-et polyfluoroalkyles ne sont pas encore réglementés. L’AEEFG estime qu’il est urgent de commencer à examiner la sécurité sanitaire des emballages alimentaires en ce qui concerne les additifs et en particulier les polluants organiques persistants (POP).
Les emballages alimentaires sont régis, toutefois, par le décret n°2003-1718 du 11 août 2003 relatif à la fixation des critères généraux de la fabrication, de l’utilisation et de la commercialisation des matériaux et objets destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires.
Un arrêté du ministre de la Santé publique, daté du 12 janvier 2005, fixe également l’organisme concerné par la délivrance de l’attestation sanitaire d’utilisation des matériaux et objets destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires et les conditions de son octroi.
Une amélioration de ce cadre réglementaire est pourtant recommandée pour préserver la santé des consommateurs et protéger l’environnement. « La législation devrait exiger l’étiquetage des substances chimiques présentes dans les matériaux en contact avec les aliments et dans d’autres produits, afin de donner aux consommateurs le droit d’être informés sur la sécurité des produits qu’ils achètent », préconise la présidente de l’AEEFG, Semia Gharbi. Car les substances en question, une fois dans les emballages alimentaires, peuvent, d’après de nombreuses études et recherches, s’infiltrer dans les aliments et, partant, dans le sang si elles se trouvent à des niveaux plus élevés.
« Les PFAS sont largement utilisés dans les emballages alimentaires à usage unique et dans la vaisselle, en particulier dans la restauration rapide, pour rendre les emballages alimentaires résistants à l’huile et aux liquides (…) Étant donné que la restauration rapide est particulièrement populaire chez les jeunes et que les PFAS peuvent perturber les hormones naturelles du corps, il est à craindre que les jeunes soient affectés à des périodes critiques de leur développement », a déclaré Jitka Straková, chercheuse à l’IPEN et auteure principale de l’étude.
« L’industrie alimentaire doit rapidement éliminer ces polluants et les gouvernements doivent agir rapidement en vue de leur interdiction à l’échelle mondiale en tant que groupe pour mettre fin aux rejets environnementaux et à l’exposition humaine aux PFAS ».
« McDonald’s, KFC, Burger King, Subway, Starbucks, Dunkin’ Donuts et Jolly Times vendent des produits alimentaires dans des emballages sans PFAS dans certains pays, mais continuent d’utiliser des emballages contaminés par les PFAS dans d’autres pays, dont la Tunisie », selon l’étude.
Les chercheurs de l’IPEN estiment que cette situation est particulièrement alarmante dans le secteur de la restauration rapide, qui présente des risques potentiels pour la santé, en particulier pour les jeunes qui y sont habitués.
« La présence d’alternatives viables sans ces substances, telles qu’elles ont été adoptées par les principales chaînes alimentaires mondiales dans les pays de l’Union européenne, est une bonne chose ».
L’IPEN, l’AEEFG et ses autres groupes membres appellent à adopter des règles mondiales globales pour interdire les PFAS en tant que catégorie de polluants, y compris les PFAS polymériques, à mettre en œuvre des restrictions immédiates sur leur utilisation et à financer des projets de décontamination des sols et de l’eau potable des communautés touchées par ce type de pollution.
Avec TAP