On reste pantois face à la capacité du Premier ministre israélien d’humilier les présidents américains, de traiter par le mépris les recommandations américaines les plus timides; et, en même temps, de continuer à recevoir de Washington l’appui militaire, financier et diplomatique à la politique désastreuse d’Israël!
Rappelons-nous la couleuvre qu’a dû avaler en silence l’ancien président Barack Obama sans oser réagir à l’humiliation que lui a infligée Netanyahu. Le Premier ministre d’Israël s’était fait inviter par le Congrès le 3 mars 2015 sans que Barack Obama ne fût mis au courant. Bien que chef de la Maison Blanche, il avait appris comme tout le monde par la télévision comment Netanyahu l’avait trainé dans la boue dans son discours incendiaire au Congrès pour avoir osé signer un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire…
D’aucuns peuvent répondre que le courant entre Obama et Netanyahu n’était jamais passé; que les représentants républicains au Congrès détestaient Obama et, plutôt que de défendre leur président contre les attaques humiliantes du Premier ministre israélien, s’en délectaient. Soit.
Mais être l’ami intime de Netanyahu et répondre généreusement à tous ses besoins, ses désirs et ses exigences n’immunise pas les présidents américains contre les coups bas de Netanyahu, comme Joseph Biden vient d’en faire l’amère expérience.
Celui-ci a été pendant un demi-siècle, en tant que sénateur, vice-président et président, le fidèle serviteur d’Israël. Il a soutenu ce pays dans toutes ses guerres. Il l’a encensé avec des discours qui frisent la plus basse flagornerie. Il ne rate pas d’occasion pour exprimer son bonheur et son honneur d’être « sioniste », car son père lui a appris qu’ « on n’a pas besoin d’être israélien pour être sioniste ». D’ailleurs, il est allé jusqu’à dire que « si Israël n’existait pas, l’Amérique l’aurait inventé »…
Dès le début de la guerre génocidaire contre le peuple de Gaza, Biden a tenu à être le premier président américain à visiter un pays en guerre. Il a pris Netanyahu dans ses bras et lui a chuchoté à l’oreille tout l’amour qu’il ressent et tout le soutien qu’il lui doit. Il n’a même pas évité le ridicule de répéter les mensonges grotesques de Netanyahu des bébés décapités, des jeunes filles violées et des citoyens brûlés vifs par Hamas…
Malgré tout cela, et bien que le flux des armes et des bombes américaines vers Israël ne se soit pas arrêté durant plus de trois mois, Netanyahu n’a trouvé aucun scrupule à humilier et ridiculiser aux yeux du monde le président Joseph Biden. Celui-ci, après un long entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, a cru devoir annoncer au public que « la création d’un Etat palestinien est possible avec Netanyahu au pouvoir ». Juste quelques minutes après, Netanyahu lui répond : « Tant que je suis Premier ministre, aucun Etat palestinien ne sera créé et la sécurité à l’ouest du Jourdain relèvera de la responsabilité d’Israël. »…
Depuis quelques semaines, des dissensions ont commencé à transparaître entre l’administration Biden et Netanyahu au sujet de l’après-guerre et de la nécessité d’un Etat palestinien. Apparemment, les dirigeants américains, tout comme leurs homologues européens, commencent à se rendre compte que sans la création d’un Etat palestinien, il n’y aura jamais de paix au Moyen-Orient.
En fait, cela fait des décennies que les dirigeants américains et européens prennent la peine d’inclure dans leur discours leur « soutien » à la création d’un Etat palestinien. Un soutien qui est resté au niveau du discours et du vœu pieux. Parallèlement à ce discours, ces mêmes dirigeants ont, pendant des décennies aussi, assuré à Israël un soutien concret, effectif et multiforme. Lui permettant non seulement de s’opposer à la création d’un Etat en Cisjordanie et Gaza, mais de commettre en toute impunité les crimes de guerre les plus horribles contre le peuple palestinien.
La question qui se pose alors ici est la suivante : la guerre génocidaire et les atrocités sans précédent commises par le gouvernement fasciste de Netanyahu vont-elles provoquer un changement d’attitude de l’Occident envers la question palestinienne. En d’autres termes, verra-t-on, après la guerre de Gaza, Washington et Bruxelles traduire dans les faits leur soutien, jusqu’ici théorique, à la création d’un Etat palestinien et leur opposition, tout aussi théorique, à l’intransigeance, à l’arrogance et aux crimes israéliens?
Un rayon d’espoir commence à pointer à l’horizon. L’Union européenne s’active à organiser une Conférence internationale sur la Palestine. Et, pour la première fois on a entendu, il y a quelques jours, des responsables européens parler de « la nécessité d’imposer des sanctions à Israël s’il continue de s’opposer à la création d’un Etat palestinien ». Washington et Bruxelles oseront-ils enfin affronter Israël?