On ne voit cela qu’en Tunisie, peut-être. On a connu l’affaire – ou plutôt les affaires – de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) avec ses « affaires de corruption« . Maintenant apparaît une autre affaire similaire mais quelque peu singulière. Il ne manquait plus que cela!
Alors tenez-vous bien, on apprend que le directeur nommé à la tête de deux sociétés confisquées aurait eu la lumineuse idée de faire le contraire de ce qu’il devait faire : il aurait tout bonnement pratiqué, avec la complicité d’un investisseur étranger, une corruption financière en bonne et due forme.
Sacré Tunisien!
Pour cette raison, la chambre spécialisée dans les affaires de corruption financière de la Cour d’Appel de Tunis a déféré le directeur général indélicat desdites sociétés confisquées et l’investisseur étranger devant la Chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Avec pour actes d’accusation : « mauvaise gestion et atteinte à l’administration », rapportent nos confrères de la radio privée Mosaïque FM.
Que dit l’affaire?
Voici succinctement ce qui s’est passé. Notre fameux DG a été nommé à la tête de deux sociétés confisquées après la révolution de 2011. Jusque-là tout va bien, sauf qu’il s’est avéré qu’il dirigeait une entreprise concurrente. Retenez bien le mot « concurrente ». Car c’est l’occasion rêvée pour lui de favoriser son entreprise en causant, sciemment, « d’importantes pertes financières à ces deux entreprises confisquées » dont il avait la charge et la mission de « bien les gérer » au sens noble du terme, au lieu d’en provoquer la faillite. Après tout ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même!
Quid de l’investisseur étranger? Lui aussi n’était autre qu’un des membres du conseil d’administration de l’une des deux sociétés confisquées, et par-dessus tout
complice du fameux DG.
A qui la faute? Moralement -s’il en existe une dans les affaires- le DG est responsable. Mais politiquement ou plutôt administrativement, la responsabilité revient à ceux qui l’ont nommé à ce poste s’ils savaient- et ils devraient logiquement le savoir- qu’il avait une société concurrente, et donc, contre tout bon sens, l’ont nommé à ce poste.
A notre avis, la justice va déterminer pourquoi il a été nommé pour gérer ces deux entreprises confisquées, par la suite elle se penchera sur les préjudices (économique, financier et moral) qu’il a causés.
Affaire à suivre.