L’Ordre des Experts comptables de Tunisie a organisé un débat, mercredi 24 janvier 2024, sur le décryptage de la loi de finances 2024 à Tunis. Une question prédomine : quel impact cette loi aura-t-elle sur les PME et les citoyens ?
En marge de cet événement, Hatem Mliki, expert en gouvernance et développement régional, a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que la priorité de la loi de finances n’est pas d’améliorer la vie des citoyens ni de promouvoir la croissance, mais plutôt d’améliorer les finances de l’État. Il estime que ces dernières années, les lois de finances visent principalement à résoudre le problème du déficit des finances publiques, créant ainsi une situation de crise où les considérations telles que le pouvoir d’achat, le climat des affaires et la confiance au développement ne sont pas prioritaires.
Ces éléments sont mentionnés dans les objectifs, mais ne sont pas au centre des préoccupations lors de l’élaboration des lois de finances.
Concernant le paiement de la dette intérieure et extérieure de la Tunisie, Hatem Mliki souligne que bien que le pays ait remboursé ses dettes, le taux d’endettement a augmenté. Il met en garde contre le risque d’augmentation des niveaux d’endettement sans créer de richesse ni stimuler la croissance.
Il questionne la manière dont la Tunisie a payé ses dettes, soulignant le recours à l’étalement des dettes publiques avec des échéances jusqu’en 2028 et 2032, hypothéquant ainsi l’avenir des générations futures.
Sur le plan politique, l’expert en gouvernance considère que les querelles politiques et judiciaires actuelles masquent les véritables problèmes auxquels la Tunisie est confrontée.
Il affirme que sans solutions concrètes pour restaurer la situation économique et financière du pays, les querelles politiques persisteront, créant un blocage. Il exprime sa préoccupation quant à la stabilité politique et économique de la Tunisie, soulignant que le pays s’enlise dans des conflits éternels en l’absence de solutions concrètes.
En comparant la situation actuelle avec celle de l’époque de Ben Ali, Hatem Mliki souligne qu’n 2010, la situation financière de l’État était relativement meilleure, bien que des querelles politiques pour le pouvoir existaient déjà.
Il note un décalage important entre les aspirations des Tunisiens et la réalité économique actuelle, appelant à trouver un nouveau modèle socio-économique qui réponde aux aspirations modernes du pays. Il se dit inquiet face au coût et au moment où ces solutions seront trouvées.