Il y a un an et demi, Khélil Chaïbi était élu à la tête de la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Française. A son crédit, un parcours et un succès professionnels. Habitué à évoluer dans la cour des grands, ce capitaine d’industrie qui ne fait pas mystère de sa vision stratégique a vite fait de doter la Chambre des moyens de son ambition sur tous les plans : organisation, formation, finance, représentation à l’international, PPP, diplomatie… Chaque action en appelle une autre pour plus de cohérence et d’efficacité. Une stratégie globale et une feuille de route parfaitement maitrisées. Discours et méthodes en parfaite harmonie, tournés vers le futur et dont on perçoit déjà les premiers signes de réactivation des IDE français. Il se sent comme habité par cette nouvelle mission, qui le met au service du pays. Ce qu’il revendique lui-même. Interview.
La CCITF fête en 2024 son 50ème anniversaire. Que de chemin parcouru ! Comment peut-on qualifier la présence des entreprises françaises et leur poids dans l’économie tunisienne ?
2024 marquera un jalon important pour la Chambre, avec la célébration de son 50ème anniversaire. Fondée en 1974, elle se distingue comme la première et la plus ancienne Chambre mixte en Tunisie, rassemblant un nombre impressionnant d’adhérents, plus de 2200 à ce jour. Cette longévité et ce dynamisme reflètent la solidité des relations tunisofrançaises. De plus, la présence de plus de 1500 entreprises françaises en Tunisie, générant plus de 150 000 emplois, témoigne de cette synergie économique forte.
La position de la France comme premier investisseur étranger en Tunisie souligne l’importance de ces liens économiques. La balance commerciale favorable avec la France et le flux significatif de touristes français en Tunisie, surpassant largement d’autres nationalités comme les Allemands et les Italiens, illustrent cette relation privilégiée.
Un autre aspect crucial de cette collaboration est l’interaction avec la diaspora tunisienne en France, l’une des plus importantes. Notre collaboration active avec cette communauté, ainsi qu’avec l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA), enrichit davantage ces liens.
En termes de bilan, la situation est globalement positive, mais il existe encore des domaines à développer, en particulier concernant les investissements directs étrangers (IDE) qui, bien qu’en croissance, présentent encore un potentiel d’amélioration. Nous constatons également une tendance croissante des entreprises françaises à se relocaliser de l’Asie vers la Tunisie, dans le cadre d’une stratégie de nearshoring, ce qui augure de nouvelles opportunités pour renforcer davantage ces relations bilatérales.
La Tunisie est-elle encore un site attractif ?
Il est possible que nous ne soyons pas pleinement conscients de l’ampleur des atouts que la Tunisie offre actuellement, des avantages qui méritent d’être davantage valorisés. D’après les retours que j’ai recueillis de sociétés françaises présentes en Tunisie, qui possèdent également des filiales au Maroc, la Tunisie se distingue particulièrement. Ces entreprises soulignent la haute qualité des ingénieurs et cadres tunisiens, ainsi que l’apport précieux d’une maind’œuvre qualifiée, ce qui contribue à leur sentiment de satisfaction et de réussite dans le pays. En effet, ces témoignages renforcent l’idée que la Tunisie reste un lieu d’attraction et d’opportunités pour les investissements étrangers, grâce à sa main-d’œuvre compétente et son environnement d’affaires favorable. Cela souligne l’importance d’une reconnaissance et d’une utilisation plus approfondie de ces atouts uniques pour stimuler davantage l’économie locale et attirer des investissements supplémentaires.
C’est aussi le rôle de la CCITF de le rendre encore plus attractif. Effectivement, une communication efficace est essentielle, en particulier à travers les réseaux sociaux, pour accroître la visibilité de la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Française (CCITF). Notre présence active sur ces plateformes vise non seulement à promouvoir la CCITF, mais également à mettre en lumière les investissements français en Tunisie et à souligner les nombreuses opportunités qu’offre le pays. Cette démarche est enrichie par la mise en avant de success-stories, des exemples concrets de réussite qui illustrent le potentiel et les bénéfices des investissements en Tunisie. En partageant ces histoires inspirantes, nous espérons non seulement informer, mais aussi motiver de potentiels investisseurs à explorer les avantages uniques que la Tunisie a à offrir.
Les propos recueillis par Hédi Mechri et Mohamed Ali Ben Rejeb
Extrait de l’interview qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 886 janvier 2024 spécial classement des entreprises