Hédi Nouira fut un politicien, un économiste et un homme de culture. Il est né le 5 avril 1911 à Monastir et mort le 25 janvier 1993 à La Marsa.
Une jeunesse militante
Issu d’une famille aisée, il suivit ses études primaires dans sa ville natale et ses études secondaires à Sousse. Il fit un court passage en France en passant son baccalauréat à Paris en 1931. Il participa, en 1934, à la création de la première cellule du Néo-Destour et en devint un militant actif.
Il se réinstalla ensuite en France, où il poursuivit des études de droit. Habib Bourguiba le désigna comme représentant du Néo-Destour. Il adhèra à l’Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA). Et il devint surveillant dans un lycée parisien, y donnant des heures supplémentaires. Habib Bourguiba le désigna alors comme représentant du Néo-Destour à Paris et le remplaça, comme surveillant par un autre étudiant monastirien, Mohamed Salah Chabane.
Puis, il tenta, sur ordre du leader, de rejoindre les partis politiques français, au nom du Néo-Destour. Mais ces partis le rejetèrent à l’exception du parti communiste, qui lui permit d’assister à ses activités, en tant que nationaliste.
Hédi Nouira, le résistant
En rentrant en Tunisie en 1938, il continua son engagement politique et se fit emprisonner à la prison civile de Tunis, à celle de Téboursouk, au Fort Saint-Nicolas de Marseille, avec Bourguiba et d’autres militants du Néo-Destour, et à la prison Montluc à Lyon. Avant de rentrer en Tunisie en février 1943, il fut placé en résidence surveillée à Rome.
Mais en refusant de prendre part au gouvernement de Slaheddine Baccouche, en avril 1952, il est exilé dans le sud tunisien puis assigné à résidence en 1953. Cette affaire marqua son parcours. Il rédigera nombre d’articles pendant les quatre années suivantes, principalement dans Mission, un hebdomadaire qu’il créa et dont il devint l’éditorialiste attitré.
Homme d’Etat
Il devint, en août 1954, ministre du Commerce dans le gouvernement de Tahar Ben Ammar, avant de se voir confier le nouveau ministère des Finances dans le cabinet Bourguiba. Ainsi, Bourguiba lui confia la mission de créer et structurer la Banque centrale de Tunisie qu’il dirigea depuis sa fondation en 1958 à 1970. Il fera partie du comité exécutif du Néo-Destour durant cette période.
Opposé à la politique de coopératives d’Ahmed Ben Salah, il resta en retrait, tout en continuant de présider à la destinée de la Banque centrale. En accord avec la femme du président, il dénonça cependant la politique socialiste.
En 1970, Bourguiba nomme Hédi Nouira chef de gouvernement, en remplacement de Bahi Ladgham. Durant dix ans, Hédi Nouira restera en poste, renforcé par l’embellie économique et le progrès social. Il déclara : « La pluie a voté pour moi. »
Mais de grandes crises vont secouer la Tunisie : le congrès du Néo-Destour à Monastir en 1971, la crise au sein de l’université et les émeutes du 26 janvier 1978. Hédi Nouira fait valoir sa gestion libérale, développe le tourisme et ordonne de grands travaux publics.
S’opposant, de concert avec Wassilah Bourguiba à l’Union Tunisie/Libye, engagée en son absence, Hédi Nouira fut depuis cette date l’objet de l’attaque de Kadhafi.
Le 23 avril 1980, il est victime d’une attaque cérébrale entraînant une hémiplégie et il quitte définitivement la vie publique.
Notons que Hédi Nouira fut un homme de grande culture, assistant régulièrement aux spectacles du Centre culturel de Hammamet, où il se sentait plus à l’aise qu’à Carthage.