Le remplacement du gaz russe par du gaz naturel liquéfié (GNL) américain a exposé le système énergétique de l’UE à des risques de sécurité majeurs, selon Bloomberg, citant des experts du secteur.
Les Etats-Unis, qui n’ont commencé à exporter leur gaz de schiste qu’en 2016, sont actuellement le deuxième fournisseur de gaz de l’UE, après la Norvège. En 2023, ils sont devenus le premier exportateur mondial de GNL.
De nombreux Etats de l’UE ont considérablement augmenté leurs achats de GNL en 2023. Et ce, à la suite de la baisse des flux de gazoduc en provenance de Russie, en raison des sanctions liées à l’Ukraine et du sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022, qui les ont rendus inutilisables.
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« La dépendance européenne à l’égard du GNL américain ne fera que croître si davantage de gaz russe ne réapparaît pas et si les Qataris décident de ne pas s’engager dans une guerre des prix pour des parts de marché ». Ainsi a déclaré à l’agence de presse Ira Joseph, chercheur associé principal au Centre sur la politique énergétique mondiale de l’Université de Columbia. L’analyste a toutefois ajouté que des changements dans la politique américaine pourraient constituer un risque majeur.
En fait, le président américain Joe Biden a récemment ordonné une pause temporaire dans l’approbation des demandes en cours et futures d’exportation de GNL, invoquant les inquiétudes liées au changement climatique.
La Maison Blanche s’est engagée auprès de Bruxelles à examiner rapidement les demandes de nouvelles capacités d’exportation. Et ce, après que le bloc a choisi de se sevrer des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie.
L’annonce de Biden « ne respecte pas cet engagement », selon Fred Hutchison, président et PDG de LNG Allies, cité par Bloomberg.
Pour sa part, David Seduski, analyste du gaz chez Energy Aspects, estime que cet arrêt sera « presque certainement annulé » si les Républicains reprennent la Maison Blanche.
« Cela pourrait être une pause à des fins politiques, pour apaiser la base de Biden à l’approche des élections générales », a-t- il déclaré. « Ou cela pourrait être un arrêt plus long de l’autorisation. Ce qui réduirait les chances que ces terminaux soient approuvés à plus long terme. »
Un haut responsable européen anonyme a déclaré à l’agence que la Commission européenne n’était pas préoccupée par la dépendance croissante du bloc vis-à-vis du GNL américain. Car il n’y avait pas les mêmes niveaux de risques politiques qu’avec la Russie.
Toutefois, les analystes soulignent les défis potentiels à venir. Jonty Shepard, vice-président du commerce mondial et de l’origination du GNL chez BP, avait précédemment averti que la dépendance croissante à l’égard du gaz américain créait un « risque de concentration » pour l’ensemble du secteur.