Notre chiffre du jour : 3,5 milliards de dinars. Notre secteur d’activité : santé. Notre cible : plus de 2 millions de patients étrangers.
Si l’on en croit les chiffres disponibles, pas moins de 2 millions d’étrangers viennent se faire soigner annuellement en Tunisie. De ce fait, le site sciencesetavenir.fr estime, avec ce titre éloquent «Dans une Tunisie en crise, le tourisme médical est en pleine santé», que c’est l’un des rares secteurs florissants d’une économie en berne.
Nadia Fenina, cadre au sein du ministère de la Santé, citée par l’AFP, affirme que « la Tunisie est numéro un en Afrique pour tout ce qui est demande de soins et offre, et ce, grâce à une centaine de cliniques privées spécialisées avec un plateau technique, et des spécialités de haut niveau, ainsi que des compétences reconnues ».
Preuve que le secteur se porte bien, en dehors de la période du Covid-19, le tourisme médical génère, bon an mal an, environ 3,5 milliards de dinars (soit un peu plus d’un milliard d’euros) de chiffre d’affaires annuel. Ainsi, «l’an passé, le tourisme médical (hospitalisation, médicaments, activités annexes) a représenté la moitié des recettes de l’ensemble du secteur touristique».
De l’expertise et des compétences
Pour étayer ses propos, le site prend l’exemple d’une Nigérienne, Bintou Yunoussa en l’occurrence, qui affirme avoir «… subi plusieurs traitements à l’étranger pour avoir un enfant avant qu’une proche ne lui recommande un médecin « très compétent » en Tunisie». Elle explique que sa «… belle-sœur a eu des jumeaux après une insémination effectuée en Tunisie, c’est pour ça que j’ai choisi de venir pour une fécondation in vitro».
Même sa sœur de 32 ans, qui l’accompagne, dit avoir fait congeler ses ovocytes dans la même clinique privée de Tunis, spécialisée dans la PMA (procréation médicalement assistée), il y a cinq mois, note Sciences et Avenir.
Au passage et au-delà de l’aspect médical, Bintou Yunoussa affirme ne “ressentir aucun malaise en Tunisie ; je me sens chez moi ici“, et ce, suite aux problèmes auxquels font face les ressortissants africains dans le pays depuis 2023.
Revenons à cette clinique sise à Tunis qui aurait reçu 450 couples pour une fécondation in vitro l’an passé, dont beaucoup de patients d’origine subsaharienne venant de pays dépourvus d’établissements soignant l’infertilité, indique Dr Fethi Zhiwa, spécialiste en infertilité, cité par l’AFP. «Les autres (couples) étaient des Maghrébins ayant de la famille en Tunisie, ou des Occidentaux (Britanniques, Suisses et Canadiens notamment), venus « parce que les coûts sont dix fois moins élevés » que chez eux».
Des patients venus des 4 coins de la planète
Selon l’AFP citant Nadia Fenina, quelque 500 000 patients étrangers sont hospitalisés chaque année en Tunisie, et plus de deux millions sont pris en charge pour des soins ambulatoires. Parmi eux, des Libyens, qui arrivent en tête, proximité géographique oblige. Arrivent ensuite les Algériens, puis des ressortissants d’Afrique subsaharienne, selon la responsable ministérielle. Et plus de la moitié des patients se font soigner dans les établissements hospitaliers tunisiens pour une PMA, en oncologie (chimio et hormonothérapie), cardiologie ou orthopédie.
Pour les Européens, ils sont davantage intéressés par la chirurgie esthétique qui représente 15% des soins.
Toujours selon Dr Fenina, « le tourisme médical est étroitement lié au secteur global (du tourisme) parce qu’un patient étranger est également un touriste, qui ne vient généralement pas tout seul et a donc besoin d’un hébergement d’un niveau correct».
Tourisme et tourisme médical, jamais l’un sans l’autre
Elle poursuit son analyse en soulignant que «la promotion du tourisme médical est dépendante du développement du secteur touristique dans son ensemble. Si on n’avait pas un tourisme bien développé, bien structuré, on ne serait pas arrivés à ce stade».
De là, elle estime que le tourisme médical en Tunisie a un fort potentiel et pourrait réaliser des chiffres plus importants si nous surmontions quelques obstacles et limites, entre autres «… l’absence de lignes aériennes directes entre la Tunisie et certains pays d’Afrique subsaharienne et une lenteur dans l’octroi des visas. C’est pourquoi nous travaillons sur un visa médical ».
En effet, le ministère de la Santé préparerait un texte législatif à même d’organiser l’activité de toutes les parties prenantes (agences spécialisées…), et ce, en vue de faciliter l’arrivée et le suivi des patients en Tunisie.
Donc, en l’absence de matières premières (à part les phosphates), la Tunisie se doit d’encourager le développement des services, tels que le tourisme, notamment sa partie médicale.