Les agriculteurs français et belges, mécontents de la hausse des coûts, des politiques environnementales de l’Union européenne et des importations alimentaires moins chères, ont bloqué des routes importantes et des voies d’accès dans plusieurs villes, mercredi 31 janvier 2024.
En Belgique, des blocages de tracteurs ont lieu dans le centre de Bruxelles, près du siège du Parlement européen, à l’approche du sommet européen de ce jeudi 1er février 2024. Par ailleurs, les ouvriers agricoles en Espagne annoncent qu’ils se joindront aux mobilisations dans les prochains jours.
La colère des agriculteurs français allume la mèche de nouvelles protestations en Europe. Aux blocages de ces derniers en France et en Allemagne, les ouvriers agricoles belges se joignent désormais à eux, et en Espagne, ils annoncent des mobilisations sectorielles pour les prochains jours.
Sur le territoire français, où les manifestations ont commencé il y a plusieurs jours, il y a eu une centaine de points de blocage sur les routes du pays, et environ 10 000 personnes manifestent. C’est ce qu’a déclaré récemment le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Par ailleurs, les agriculteurs ont accru leur pression sur le gouvernement avec des tracteurs bloquant les routes menant à Paris, depuis lundi dernier et pour le troisième jour consécutif. A Toulouse, dans le sud du pays, des bottes de foin ont été incendiées aux abords de l’aéroport, bloquant en partie l’accès.
Les travailleurs français manifestent leur mécontentement à Bruxelles, où le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, tiendra aujourd’hui des réunions. Plus tard, le président français Emmanuel Macron arrivera. Car au sommet de l’Union européenne, il est prévu discuter des mesures de soutien au secteur.
Il s’agit notamment de l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, des obligations de mise en jachère et de l’arrivée de produits ukrainiens dans le bloc des 27 pays.
Belgique : des agriculteurs bloquent le passage près du Parlement européen
Inspirés par les mobilisations en France, les agriculteurs belges manifestent depuis lundi 29 janvier dernier. Et hier, des dizaines de tracteurs stationnés font la queue sur une place centrale, près du siège du Parlement européen, à Bruxelles.
Les autorités ont déconseillé de se rendre dans la capitale belge le 31 janvier et aujourd’hui jeudi 1er février, jour où les manifestations devraient intensifier la contestation en plein sommet européen.
Les manifestations en France et en Belgique font suite à des actions similaires dans des pays comme l’Allemagne et la Pologne. En Espagne, les agriculteurs mettent en garde contre des scènes similaires après avoir annoncé qu’ils se joindraient aux manifestations dans les prochains jours, sans toutefois en préciser la date.
Pourquoi les agriculteurs protestent-ils en Europe?
Parmi les principales raisons figure l’augmentation des coûts de l’énergie, qui a augmenté après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a près de deux ans. Elle a durement frappé le secteur. Car les tracteurs, les moissonneuses-batteuses et d’autres machines consomment de grandes quantités de carburant.
En outre, les prix d’autres intrants nécessaires à l’agriculture, notamment les engrais, ont grimpé en flèche.
Les agriculteurs, qui avaient déjà du mal à être compétitifs dans une économie de plus en plus mondialisée, dénoncent également une concurrence déloyale pour l’importation d’aliments moins chers que ceux cultivés localement. Alors que les coûts de production augmentent pour eux.
La situation en Ukraine occupe également les conversations des manifestants. Les inquiétudes grandissent au milieu des négociations d’adhésion à l’UE. Le pays est considéré comme un rival potentiellement « redoutable » pour ses vastes champs de céréales et autres produits agricoles qui ont inondé l’Europe, en particulier depuis le début de l’opération russe en Ukraine.