« Ils ont détruit ma maison et rasé mes oliviers, mes arbres fruitiers et mes agrumes avec des bulldozers », se révolte Mounir Hamouda Chaât, un employé de la Municipalité de Gaza, déplacé de force et laissé sans-abris après la destruction totale de sa demeure par les bombardements massifs de l’armée sioniste. Celle-ci mène, depuis bientôt 4 mois, une guerre asymétrique contre la population de Gaza.
Epinglé la semaine dernière par la Cour internationale de justice (CIJ ) pour « un risque réel et imminent de génocide », l’Etat hébreu, qui a toujours fait fi des règles du droit international et de toutes les résolutions onusiennes (à l’origine de sa création), poursuit ses actes de barbaries contre la nature et le vivant aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie.
Ses actes criminels ont commencé bien avant le 7 octobre 2023, date du déclenchement de la guerre en cours, selon des activistes de l’environnement, des ONG, et des témoignages de civils palestiniens.
Le rythme des agressions s’est particulièrement, accéléré lors de l’actuelle guerre. Des centaines de vidéos montrent, les incursions des chars et des bulldozers israéliens sur les terres agricoles à Gaza, pour arracher les arbres, détruire les récoltes et anéantir les infrastructures, laissant derrière eau, air et sol, pollués et milieu invivable.
Crime environnemental: Les oliveraies, premières victimes
Mounir, qui habitait avec sa femme et ses 5 enfants le quartier Tel Al- Hawa, situé au sud de la ville de Gaza, espérait trouver refuge dans sa deuxième demeure située au milieu de sa terre agricole à Khan Younès. « Hélas, celle-ci a été aussi complètement détruite », a-t-il lancé avec regret. « Les bulldozers de l’occupant ont rasé tout et vandalisé mes arbres fruitiers », répète le quinquagénaire, dans un appel téléphonique à l’Agence TAP.
Accompagné de son fils, au milieu des décombres et des restes d’oliviers, il a tenu à filmer et à prendre en photos, ce qui reste de son exploitation agricole dans un paysage sauvagement dénaturé et une plantation vandalisée.
A Gaza, où les attaques de l’armée sioniste ont fait, en seulement deux mois, plus de 26 000 morts, pour la plupart des enfants et des femmes, plusieurs vidéos documentent en direct, l’acharnement des soldats israéliens particulièrement, contre les oliveraies, héritage familial emblématique de la Palestine. Depuis 1967, les soldats israéliens et les « colons » en Palestine occupée ont détruit 800 000 oliviers pour tenter de forcer les agriculteurs palestiniens à quitter leurs terres, écrit Megan Perry, cité par Theecologist.org.
Nidhal Atallah, coordinateur du Programme de justice environnementale à la Fondation Heinrich Böll – Palestine et Jordanie, à Ramallah, affirme que « tous les facteurs d’un écocide sont là, d’autant que ce terme définit bien les dommages environnementaux affectant les écosystèmes, les espèces animales et végétales et partant les communautés humaines qui en dépendent ».
» En plus du largage de milliers de tonnes de bombes et d’explosifs à effet dévastateur pour l’environnement, l’occupation mène depuis des décennies une guerre de l’eau et assoiffe les Palestiniens ».
Joint au téléphone par l’agence TAP, Atallah a affirmé que « l’occupation adopte une tactique systématique et immorale pour couper les sources d’eau et les polluer, pas seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie ».
Et d’enchaîner » l’armée sioniste a fait toujours exprès de raser les terres dans les zones-est et celles du pourtour de Gaza, qui constitue « le grenier » de la population. Les agriculteurs palestiniens ont du endurer, depuis 17 ans, des actes de vandalisme de ce genre en plus du blocus illégal imposé par l’occupant ».
Plusieurs organisations palestiniennes ont documenté, depuis la guerre de 2014, qui a duré plus de 50 jours, toutes les atteintes à l’environnement. « Mais, à mon avis la guerre actuelle est de loin la plus atroce. L’armée d’occupation y a utilisé toutes les substances chimiques toxiques, dont le phosphore blanc dont l’impact est catastrophique sur l’environnement », note encore, Atallah.
Situation catastrophique du secteur de l’eau
Selon lui, le secteur de l’eau a été le plus affecté et la situation est catastrophique dans la bande envahie. « Des tonnes de débris de béton contenant du ciment et des métaux lourds, mélangés aux eaux pluviales et aux eaux d’assainissement polluent les sources d’eau outre la destruction de toute l’infrastructure hydraulique ».
D’après une note de Razan Zuayter, présidente du conseil d’administration du Groupe arabe pour la protection de la nature, « les attaques sionistes prennent multiples formes, notamment, l’incendie de vergers et de bâtiments, le déracinement d’arbres, le vol et la destruction de récoltes, d’équipements et de fourrages. Les bulldozers des sionistes continuent de raser les terres et les infrastructures palestiniennes pour établir 13 000 nouvelles colonies »,
« Les pertes résultant des attaques barbares ciblant l’agriculture palestinienne, durant la période allant du 7 octobre au 1er décembre 2023, sont estimées à 22 585 millions de dollars. 95% de ces pertes sont enregistrées dans le secteur oléicole », a ajouté Zuayter, qui est également, fondatrice du réseau arabe pour la souveraineté alimentaire, et membre de la commission sectorielle pour la lutte contre la famine au sein de la Ligue des Etats Arabes, .
Le secteur agricole, qui revêt une importance particulière pour le peuple palestinien, est ciblé et ravagé par la guerre et les crimes d’écocide.
« Armée et colons ont empêché la cueillette de 1, 977,615 oliviers, faisant perdre à l’économie palestinienne, rien qu’en Cisjordanie, plus de 11 millions de dollars (11, 541,740), soit 51% des pertes du secteur agricole palestinien, dans moins de deux mois ».
Le rythme des agressions a été intensifié durant la saison des récoltes en 2023. » Un fermier palestinien, Bilel Salah du village Al-Sawia du district de Naplouse en Cisjordanie a été tué, alors qu’il se dirigeait vers ses terres pour récolter les olives », selon la note de Zuaytar.
La nourriture, arme de guerre contre les Palestiniens
« En dépit de tous les plans visant le déplacement de la population palestinienne et le vol de la terre, les agriculteurs palestiniens ont tenu à résister et ont ouvert la saison de cueillettes. Leur résistance nous inspire et nous donne la force de continuer à militer, au sein du Groupe arabe pour la protection de la nature, pour soutenir la résistance à Gaza et dévoiler les crimes de l’occupant et son intention d’utiliser la nourriture comme arme de guerre contre les civils palestiniens », a-t-elle écrit.
« Nous continuons ainsi, notre campagne « 1 million d’arbres » en Palestine. Nous sommes actuellement, à 3 millions d’arbres fruitiers plantés dans les quatre coins de la Palestine. Chaque centimètre carré de la Palestine compte pour nous et chaque arbre planté sera là pour nous recevoir le jour de notre retour », écrit Razan Zuaytar.
Les actions militaires sont responsables de 6 % des émissions globales de gaz à effet de serre, sans compter celles issues des armées des grandes puissances du monde, gardées secrètes par leurs gouvernements (y compris le gouvernement israélien), d’après Futurasciences.com, qui cite l’organisation « Fight climate change ».
L’armée sioniste qui ne cesse de mener des guerres en Palestine et au Liban ainsi que des raids en Syrie , commet, sans cesse, des crimes contre la nature, selon des activistes palestiniens de l’environnement, dont Nidhal Atallah. Documenter ces crimes et aussi ceux perpétrés aux humains, est désormais essentiel pour rendre justice au peuple palestinien et à la nature, d’après lui.
« Il s’agit du premier génocide, dont les victimes documentent leur propre destruction en direct. Gaza incarne un échec moral. Le monde devrait avoir honte », déclarait Adila Hassim, principale représentante de Pretoria à La Haye, lors de ses plaidoyers contre Israël pour « génocide » à Gaza auprès de la CIJ.
L’Afrique du Sud a porté plainte contre Israël pour génocide à gaza et saisi la Cour internationale de Justice pour ce crime contre l’humanité. Vendredi 26 janvier 2024, la Cour a appelé à protéger les Palestiniens contre un « risque réel et imminent » de génocide.
Avec TAP