Le certificat d’inscription de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco a été remis, vendredi soir, à Djerba, à Hayet Guettat Guermazi, ministre des Affaires culturelles, par Eric Falt, directeur régional du bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) pour le Maghreb.
Le dossier « Djerba : paysage culturel, témoignage d’un mode d’occupation d’un territoire insulaire » est un bien en série constitué de sept zones de l’île et de vingt-quatre monuments. Il a été officiellement inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco le 18 septembre dernier, à la 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial organisée du 10 au 25 septembre 2023, à Riyad, en Arabie saoudite. L’île de Djerba était parmi 27 nouveaux biens, 24 culturels et 3 naturels, inscrits ayant rejoint les 1 157 sites dans 167 pays déjà inscrits sur la liste du patrimoine mondial.
Signé par la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, le certificat a été remis à la Tunisie au cours d’une cérémonie officielle à laquelle ont assisté des représentants d’institutions relevant de l’Organisation des Nations unies, notamment le coordonnateur résident des Nations unies en Tunisie, Arnaud Peral, les responsables des établissements en charge du patrimoine, en particulier Tarek Baccouche qui dirige l’Institut national du patrimoine (INP) ainsi que des membres de la société civile à Djerba.
Notons que des responsables onusiens sont actuellement dans le Sud tunisien à l’occasion de leur rencontre annuelle, organisée à chaque fois dans un pays différent, afin d’examiner des questions qui concernent leurs domaines de compétence.
La ministre des Affaires culturelles a souligné la valeur exceptionnelle de ce bien dont l’inscription au patrimoine mondial témoigne de la contribution de la Tunisie dans l’histoire de l’humanité et la sauvegarde de la mémoire universelle ainsi que la capacité d’adaptation de l’Homme avec son environnement. La réception de ce certificat met la Tunisie devant ses responsabilités en vue d’œuvrer à la sauvegarde et la valorisation de ce bien universel unique afin qu’il soit un véritable levier de développement économique et social sur l’île et au delà, a-t-elle estimé.
Cette responsabilité sera partagée entre la Tunisie représentée par les institutions publiques, la société civile et les médias avec l’appui de l’Unesco. La valorisation de ce bien implique la mise en place d’une stratégie pour faire de Djerba un site d’attraction culturel et touristique, a encore dit la ministre, rappelant qu’un groupe de travail (Djerba patrimoine mondial) est ouvert à tous, en vue de mettre en place des programmes spécifiques et un cadre législatif approprié pour ce bien en série.
Le directeur régional du bureau de l’Unesco pour le Maghreb a exprimé son admiration pour cet héritage unique à Djerba. Le certificat est le couronnement d’un effort de plusieurs années grâce à l’implication des habitants de l’île, a encore dit Eric Falt, tout en les invitant à jouer leur rôle afin de préserver ce bien pour les générations futures. Le diplomate a expliqué une responsabilité commune qui nécessite les efforts de la société civile locale, des organisations nationales et du tissu associatif avec le soutien de l’Unesco.
Karim Hendili, responsable du programme culture au bureau de l’Unesco pour le Maghreb, a relevé l’importance de cet évènement exceptionnel qui offrira un nouveau cadre pour le développement durable. Au-delà de la préservation, l’inscription de ce bien en série donne un nouvel élan au développement culturel, social et économique qui nécessite la mise en place d’une stratégie de gestion pérenne, a encore fait savoir le responsable onusien.
Hendili a également parlé de Djerba comme « un bien unique parmi les 1199 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui lui confère un statut exceptionnel, sans omettre les défis majeurs qui se posent sur le plan institutionnel et juridique en vue de réaliser une gestion efficace de ce bien sur le long terme. Il a insisté sur l’engagement de la population locale et de la communauté internationale pour la promotion et la préservation de ce bien à travers des stratégies et des projets sur le plan local, national et international ainsi que le suivi et l’appui de l’ONU et des bailleurs de fonds internationaux qui apportent le soutien aux programmes de développement et du patrimoine dans divers pays.
Il a notamment évoqué le soutien technique et l’expertise à travers l’Unesco qui poursuit ses efforts en vue d’aider l’Etat tunisien à réaliser cet objectif. Il est à rappeler qu’un bureau multi-pays représente l’Unesco auprès de l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Ce bureau basé à Rabat apporte un appui aux pays du Maghreb en vue de formuler des politiques nationales pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés dans les secteurs de compétence de l’Unesco.
Sur une superficie de 514 km2, l’île de Djerba occupe l’une des positions les plus stratégiques au cœur de la Méditerranée. Cette île de la côte sud est devenue le 9e site tunisien classé au patrimoine mondial en Tunisie avec 7 sites culturels et un site naturel. Les sites culturels classés sont la Médina de Tunis, le Site de Carthage et l’Amphithéâtre d’El Jem (1979), le Site de Kerkouane (1986), la Médina de Sousse et la Médina de Kairouan (1988) et le Site de Dougga (1997). Le Parc national d’Ichkeul, dernier grand lac d’eau douce d’une chaîne qui s’étendait autrefois le long de l’Afrique du Nord, est un site naturel inscrit depuis 1980.
Après plusieurs initiatives entamées dans les années 70, le dossier de candidature en vue d’inscrire l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial a été finalement accepté, début mars 2022, à l’Unesco. Déposé le 1er février 2022, ce dossier a été retenu après avoir été évalué par l’organe consultatif sur le patrimoine culturel de l’organisation onusienne.
Avec TAP