Par Lamia Jaidane-Mazigh / Le ralentissement de la croissance économique, la dégradation de l’environnement, l’escalade des conflits et des tensions géopolitiques, la propagation des pandémies et la technologie révolutionnaire sont aujourd’hui des défis sans précédent pour l’économie mondiale. La gouvernance de ces maux publics internationaux nécessite une unification de tous les efforts et une alliance à très grande échelle. Mais une coopération internationale est-elle toujours possible dans un monde fracturé et plombé par la méfiance ?
Dans un rapport récemment publié, le World Economic Forum, en collaboration avec le cabinet international de conseil en stratégie McKinsey & Compagny, ont présenté un état des lieux sur la coopération internationale entre 2012 et 2022, à travers un baromètre utilisant 42 indicateurs mesurant cinq piliers de la coopération : commerce et capital, innovation et technologie, climat et capital naturel, santé et bien-être, et paix et sécurité.
Le Global Cooperation Barometer montre que dans l’ensemble, le monde a fait preuve de coopération résiliente entre 2012 et 2020. En revanche, un déclin a été enregistré lors des deux dernières années. Ce constat varie d’un pilier à un autre. Alors que des progrès significatifs sont enregistrés en matière de coopération sur l’innovation et la technologie, le climat et le commerce, le pilier de la santé et du bien-être, ainsi que celui de la paix et de la sécurité affichent une régression qui ne cesse de s’enfoncer.
D’après le rapport, le contexte actuel appelle à réinventer la coopération. La coopération est toujours possible, même dans un climat de concurrence. Aujourd’hui, c’est plutôt l’heure de la « coopétition ». Les pays et les entreprises en compétition doivent savoir surmonter leurs discordances pour défendre des intérêts communs. Pour y arriver, il faut « rétablir la confiance ». C’était, d’ailleurs, le mot d’ordre de la 54ème édition du Forum économique mondial qui s’est tenue au mois de janvier à Davos.
Mais comment peut-on restituer la confiance et croire aux vertus de la coopération pour un avenir meilleur, lorsque ceux qui tiennent les rênes de ce monde sont eux-mêmes les leaders dans les industries d’armement et la production de l’énergie fossile, et les lobbies des industries pharmaceutiques ?
Cet article a été publié au N°887 de l’Économiste Maghrébin du 31 janvier au 14 février 2024