KPMG Tunisie, figure de proue du big four, qui se positionne parmi les leaders des commissaires aux comptes, de l’audit et du conseil, célèbre son 50ème anniversaire. Une occasion de souligner son évolution constante et de réaffirmer son engagement envers l’avenir.
Fondé en 1974 par l’expert-comptable Rached Fourati, qui a vendu ses parts en 2002 à Moncef Boussanouga Zammouri, qui a repris le cabinet conjointement avec Dhia Bouzayen, KPMG Tunisie compte aujourd’hui un
effectif de plus de 300 personnes. Outre les activités classiques de commissariat aux comptes, d’audit et de fiscalité, le cabinet s’est spécialisé dans le conseil aux entreprises et aux organisations. Il chapeaute les activités du réseau KPMG en Libye et en Mauritanie, exporte son savoir-faire dans plusieurs autres pays, notamment en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. Un grand nombre de succès que les ténors du cabinet ont voulu mettre en évidence lors d’une rencontre avec la presse, à l’occasion de la célébration d’un demi-siècle d’existence en Tunisie.
Au début : un hasard, une chance, une opportunité
Au commencement, M. Rached Fourati, fondateur du cabinet d’audit et de conseil KPMG Tunisie, nous retrace
son parcours. Le hasard a fait qu’un jeune licencié en sciences économiques migre vers l’expertise comptable, avec
la chance d’être parmi l’équipe qui a audité les comptes de la dette tunisienne auprès de la Banque mondiale et l’op-
opportunité d’intégrer le réseau KPMG. « KPMG est une très belle histoire. La vie est faite d’opportunités, de hasard,
de chance, de quelques déboires et de quelques problèmes. Mais aujourd’hui, nous allons considérer le côté positif des choses. Au départ, après avoir obtenu une licence en sciences économiques en juin 1968, ici à Tunis, j’avais le choix, soit d’intégrer l’administration, soit de faire un doctorat à Paris, ou alors, et c’était à la mode, d’aller aux Etats-Unis. Le choix était difficile, nous étions jeunes, pleins d’ambitions. Et c’est M.Chedly Ayari, alors doyen de la faculté, qui a fait basculer la balance du côté des Etats-Unis. Il y avait des relations aux Etats-Unis et il avait réussi à nous obtenir des bourses. C’était une opportunité. Mais contrairement à tous ceux qui ont fait leurs études aux Etats-Unis, moi, je n’avais pas adhéré à ce qu’on nous enseignait. C’étaient des modèles économiques qui n’avaient rien à voir avec la réalité de notre pays, celle d’un pays sous-développé. C’était le terme qu’on utilisait à l’époque. J’avais alors décidé de rejoindre Paris et de préparer un doctorat.
A Paris, j’ai fait la connaissance de deux amis, M. Férid Skandrani et M. Badii Ben Ghachem. Ils venaient de termi-
ner un DES et ils devaient changer de faculté et entamer des études d’expertise comptable. On m’informa aussi
que la FAO était en train de financer un groupe de Tunisiens pour aller gérer les coopératives que venait de lancer
M. Ahmed Ben Salah en Tunisie. Il fallait pour cela des experts comptables. L’idée m’a séduit. Pour moi, c’était cela
l’économie, la vraie, celle qui pouvait s’adapter à notre pays. Et c’est ainsi que j’ai commencé mon cycle d’expert
comptable. C’était donc par pur hasard. Diplôme en poche, je devais effectuer un stage de trois ans. J’ai intégré au départ la CIGEP, puis j’ai décidé d’effectuer ma deuxième partie de stage dans un cabinet privé, c’était en 1971-72. Encore un hasard ou par chance, la Banque mondiale avait décidé, et c’était rare en Tunisie, de faire auditer les comptes de la dette. Mon patron m’avait demandé de suivre le dossier, en tant que Tunisien. Cela m’a conduit à revenir en Tunisie. Entre-temps, j’avais compris l’importance d’avoir un réseau et de travailler à l’international.
L’histoire continue
Prenant la parole suite à M. Rached Fourati, M. Moncef Boussannouga Zammouri, président de KPMG Tunisie,
continue l’histoire pour nous ramener au présent. « En 1972-73, c’était la période où j’étais parti à Hong Kong. Je suis revenu en Tunisie fin 1979. J’ai alors eu la chance que l’ancien ministre des Finances de l’époque, M. Mansour Moalla, pensait à organiser la profession d’expertise comptable à sa manière. Il fallait faire les choses à notre manière. Comme nous tous à l’époque, nous avions effectué nos études ainsi que, nos stages en France. Personnellement, j’avais fait partie d’un cabinet régional important domicilié à Saint-Étienne. Donc, arrivé
en Tunisie, faisant la prospection des cabinets d’expertise comptable, on m’avait dirigé vers KPMG, qui était le
meilleur. J’ai commencé dans un autre cabinet, très respectueux avec M. Abedejelil Mouakher, M. Abderrazek Ben Amor, M. Raouf Sanhaji, M. Abdelrahman Bouricha. Une dizaine de professionnels dans un grand cabinet situé rue Amilcar.
Cela dit, celui qui avait le plus la cote dans les années 1984, alors que la profession commençait à s’organiser et que
les autres pays commençaient à s’intéresser à la Tunisie, le cabinet qui avait réellement le nom et la réussite c’était
KPMG présidé par M. Rached Fourati. En 2002, M. Fourati avait d’autres rêves à réaliser. C’est un homme exception
nel. Donc, pour la petite histoire, un dimanche, il m’a appelé et m’a invité à prendre un café. M. Fourati n’était pas
homme à inviter pour rien. Mais j’ai pensé à tout, sauf qu’il voulait me proposer d’acheter ses parts dans KPMG
Tunisie. Et il fallait prendre la décision dans les deux semaines qui suivaient. Entre-temps, il y avait Dhia Bouzayen,
un ami très proche (c’est le fils de l’éminent diplomate Sadok Bouzayen), qui venait de terminer ses études à la
London School of Economics et qui voulait s’installer en Tunisie. C’est donc ensemble, la main dans la main, que
nous avons décidé d’acheter les parts de M. Rached Fourati. Mais à cette seule condition que M. Rached Fourati nous
accompagne jusqu’au jour où il s’est attelé à réaliser la tâche pour laquelle il avait décidé de changer de cap.
Nous voilà donc à KPMG en 2002. Nous avons fusionné nos deux cabinets, la CFA et la MBZ, ce qui a donné la FMBZ, cabinet qui représente le réseau KPMG. Et ainsi, grâce à M. Fourati, nous avons cru en ce métier et à l’appartenance à un réseau international. Depuis, nous avons multiplié par 20 notre chiffre d’affaires. Au départ, nous étions 30 collaborateurs et collaboratrices, aujourd’hui, nous sommes 307. Actuellement, nos interventions se font au-delà de la Tunisie. Nous sommes bien implantés en Libye, nous sommes commissaire aux comptes de la Banque centrale mauritanienne et nos ambitions ne s’arrêtent pas là ». Et de poursuivre : « Nous sommes fiers
de célébrer un demi-siècle d’existence en Tunisie. 50 ans d’engagement avec pour seul credo l’excellence, la transpa
rence et la création de valeur pour nos clients et nos partenaires. Depuis ses débuts, KPMG Tunisie a été reconnu
pour sa rigueur, sa capacité d’innovation et sa contribution significative au développement économique. Notre signature de confiance demeure un pilier essentiel pour les entreprises cherchant à prospérer dans un monde des affaires complexe et en constante évolution, ainsi que pour nos partenaires. Par ailleurs, nous œuvrons inlassablement à mettre en place un environnement de travail qui permet à nos équipes de s’épanouir, de grandir et d’exceller en s’ouvrant à l’international, avec des perspectives de développement attrayantes».
Un parcours et des ambitions
« Pour rester dans la continuité, j’ajouterais que KPMG est le cabinet qui a formé le plus grand nombre d’experts
comptables en Tunisie. Nous sommes aussi le premier cabinet à avoir des associés femmes, membres de directoire»,
affirme pour sa part M. Dhia Bouzayen, Senior Partner de KPMG Tunisie. Et d’ajouter : « KPMG est une coopé-
rative avant tout, c’est ce qui la rend unique en ce sens qu’elle n’est la filiale d’aucune société. Nous ne recevons
d’instructions de nulle part. L’international nous aide simplement pour la qualité, pour tout ce qui est règlement-
tation au niveau international. Et bien sûr, nous sommes un point de relais pour les gros clients qui s’intéressent
à la Tunisie. La Tunisie reste une porte pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient ». « Cette célébration n’est pas seulement un hommage au passé, mais le point de départ d’une nouvelle ère, marquée par le développement de deux axes de croissance majeurs pour KPMG. Tout d’abord : la digitalisation. Nous sommes en train de développer des systèmes pour moins dépendre des codifications. Des systèmes qu’on peut mettre en place rapidement. Nous avons fait, par exemple, un gros travail pour savoir à quoi un département financier en 2024 doit ressembler. Nous avons également mis en place des systèmes organisés et rapides dans les entreprises où les compétences en informatique manquaient durement et étaient très difficiles à trouver.
Il y a un autre volet où nous essayons d’avancer, l’ESG. Ce sont des procédures qui aident le développement
de l’environnement et de la gouvernance des entreprises. Aujourd’hui, les entreprises qui publient leurs états
financiers doivent aussi donner des informations extra financières, comme l’empreinte carbone par exemple ou la
parité hommes-femmes. Aujourd’hui, les experts comptables sont appelés à aider pour donner toutes ces informations.
Au niveau de KPMG, un énorme programme a été mis en place, avec un gros investissement au niveau international de près d’un million et demi de dollars pour former tous nos collaborateurs et créer des hubs. Créer un hub
en Tunisie en attirant des compétences tunisiennes pour avoir des centres d’expertise régionaux nous intéresse beau-
coup». Et de conclure : « KPMG continuera ainsi à être un partenaire de confiance, créateur de valeur et moteur d’une dynamique économique soutenant également le développement dans la région. La forte présence de KPMG Tunisie en Libye est le gage d’une image forte et reconnue. Elle concrétise l’engagement et le poids du cabinet dans la région EMA et son extension vers la région MENA».
Faire valoir l’importance des cabinets d’expertise comptable
Au-delà de KPMG, M. Moncef Boussannouga Zammouri a voulu, à l’occasion, faire valoir l’importance des cabinets d’expertise comptable. « Depuis la création de l’Ordre des experts comptables et depuis que la profession s’est organisée, les responsables du pays ont compris que la comptabilité était la pièce maîtresse qui pouvait accompagner le développement. C’est le premier point que je souhaite souligner. Les cabinets, dès la création des entreprises publiques dans les années 70, avec feu M. Abdeljelil Mouakher, feu M. Raouf Sanhaji, M. Abderrazak Ben Amor, M. Abdelhamid Bouricha, à qui il faut rendre hommage, ont contribué au développement économique et à la restructuration des entreprises. Et plus encore, à la diffusion de la culture de la comptabilité et de l’audit. C’est cette culture qui a fait que beaucoup de jeunes ont choisi de s’orienter vers l’IHEC. Puis, il y a eu la création de l’ISG et
de l’ISCAE.
Un autre point sur lequel je veux insister. Nous avons créé l’Ordre des experts comptables en 1983. Nous étions 67 membres, dont la moitié était des experts comptables et l’autre moitié des commissaires aux comptes. Et c’est alors que nous avons entamé la formation des stagiaires. On ne peut être expert comptable qu’après avoir effectué trois
ans de stage. Les stagiaires se comptaient à l’époque par centaines. Toutes les entreprises publiques avaient compris que l’audit était le point essentiel du développement. Nous avons même réussi à faire voter une loi pour que les entreprises, même celles dont le capital est à 100% détenu par l’Etat, aient à faire leur audit. Je veux dire par là
que les cabinets d’expertise comptable ont contribué largement à la transparence des comptes des entreprises publiques et surtout à la formation des cadres pour présenter des états financiers transparents.
Ce fut un moment de reconnaissance et de réussite de la Tunisie sur le plan international. C’est à partir du moment où il y a eu des signatures de qualité de l’audit des états financiers des entreprises publiques que les investisseurs étrangers, les banques de financement sont venus en Tunisie.
En plus, ce qu’a gagné la Tunisie est unique en Afrique et dans les pays arabes. Avec l’aide de certains pays et plus particulièrement la France, nous avons créé le diplôme d’expert comptable. Celui qui a obtenu le premier diplôme tuniso-tunisien (M. Rached Fourati faisait partie du jury) était feu M. Ahmed Mansour, qui a ouvert la porte à des centaines d’autres. Actuellement, nous sommes plus de 1400 experts comptables inscrits à l’Ordre. Néanmoins, ce qui nous importe, c’est de travailler et de se mettre au service du pays, de soutenir ses entreprises et de contribuer à la transparence des comptes. Les instances internationales respectent la signature des experts comptables tunisiens. Jamais une institution n’a réclamé une deuxième signature de la part d’un cabinet étranger ».
Cet article a été publié au N°887 de l’Économiste Maghrébin du 31 janvier au 14 février 2024