Les États membres de l’Union européenne ont approuvé une législation sans précédent au niveau mondial pour réglementer l’intelligence artificielle après d’intenses négociations sur l’équilibre entre la liberté d’innover et le maintien de la sécurité.
Les ambassadeurs des vingt-sept pays ont annoncé « à l’unanimité » l’accord politique trouvé en décembre dernier entre les pays et les membres du Parlement européen, a annoncé vendredi 2 février la présidence belge du Conseil de l’Union européenne.
La Commission européenne a présenté son projet intitulé « Loi sur l’intelligence artificielle » en avril 2021.
L’émergence fin 2022 du programme « GPT Chat » développé par la startup californienne OpenAI, capable d’écrire des thèses, des poèmes ou des traductions en quelques secondes, lui a donné une nouvelle dimension, qui a contribué à accélérer les discussions.
Ce système, comme d’autres systèmes capables de créer des sons ou des images, a révélé à tous les utilisateurs l’énorme potentiel de l’intelligence artificielle.
Mais cette technologie s’accompagne également de divers risques, dont la publication de fausses images qui semblent très réalistes, ce qui fait craindre un grand potentiel de manipulation de l’opinion publique.
S’il existe des règles visant l’intelligence artificielle dans plusieurs pays, dont la Chine par exemple, le cadre juridique européen est distinct par sa portée.
Le commissaire européen en charge de ce dossier, Thierry Breton, s’est félicité d’une « législation historique et inédite au niveau mondial ».
« La loi sur l’intelligence artificielle a suscité un grand intérêt, et pour de bonnes raisons », a déclaré vendredi Britton. « Aujourd’hui, les pays ont accepté l’accord politique publié en décembre, reconnaissant l’équilibre parfait que les négociateurs ont trouvé entre innovation et sécurité. »
Maintenir la compétitivité
Paris et Berlin ont montré jusqu’au bout leur adhésion à une législation protégeant les entreprises émergentes spécialisées dans l’intelligence artificielle, afin de ne pas empêcher l’émergence de « champions européens » dans ce domaine à l’avenir.
Des diplomates ont déclaré à l’AFP que les préoccupations avaient été prises en compte avant la finalisation du texte. Ainsi, les deux pays ont obtenu des éclaircissements quant à sa mise en œuvre.
Cependant, le monde de la technologie semble plus prudent. Boniface de Chambéry, responsable des affaires européennes au sein du groupe de pression CCIA actif dans le secteur, a déclaré vendredi dernier que « beaucoup de ces nouvelles règles sont encore vagues et pourraient ralentir le développement et la diffusion d’applications innovantes ».
Il a averti que la mise en œuvre de la législation « sera cruciale » afin qu’elle n’impose pas un « fardeau » à la compétitivité.