Ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée, Karim Amellal apporte un éclairage sur la Méditerranée et les enjeux du monde de demain. Nous l’avons rencontré en marge de la première journée du Forum méditerranéen de l’Eau, qui se tient en ce moment à Tunis, du 5 au 7 février 2024. Il met l’accent sur les défis à relever pour les deux rives de la Méditerranée, ainsi que sur le lien qui unit la France à la Tunisie. Notamment à travers les relations historiques et la francophonie, entre autres.
Interview.
Quel est le périmètre géographique de votre mission diplomatique en tant qu’ambassadeur pour la Méditerranée ? Et comment cela évolue en fonction des sujets et de l’actualité, en particulier l’eau ?
Karim Amellal : Le périmètre géographique de la mission diplomatique en tant qu’ambassadeur pour la Méditerranée comprend l’espace méditerranéen, avec une cible prioritaire sur les relations avec les pays de les rives nord et sud de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En réalité, la Méditerranée englobe tout le bassin méditerranéen. Le périmètre thématique varie considérablement, abordant des sujets politiques, économiques et le dialogue 5+5. Actuellement, les sujets clés incluent la question de l’eau, le changement climatique, les inégalités économiques et les transitions énergétiques, qui sont des préoccupations communes à tous les pays méditerranéens. Par exemple, la question de l’eau, que ce soit à Marseille, à Naples, à Alger, à Tunis ou à Beyrouth, est une problématique partagée.
Pourquoi est-il important que le poste d’ambassadeur pour la Méditerranée soit interministériel? Et en quoi cela facilite-t-il la mise en œuvre de la politique méditerranéenne de la France à travers les discussions politiques ?
Il est fondamental que le poste d’ambassadeur pour la Méditerranée soit interministériel, car la Méditerranée est une région complexe où les enjeux sont multiples et interconnectés. Les ministères de l’Economie, des Finances, de l’Ecologie, de l’Energie et d’autres sont tous impliqués dans les questions méditerranéennes. La fonction interministérielle permet de mobiliser les capacités de l’État sur des sujets transversaux. Ce qui compte vraiment, c’est la capacité d’agir sur le plan interministériel, en mobilisant la capacité de l’État sur des sujets transversaux.
A titre d’exemple, quelles sont les actions menées ?
Concernant les actions menées, plusieurs initiatives sont en cours dans différents domaines. Par exemple, nous soutenons de nombreux projets et initiatives en matière de mobilité culturelle. Nous organisons également un forum réunissant des organisations féministes de toute la Méditerranée pour leur donner accès au financement et pour évaluer les résultats obtenus.
Par ailleurs, nous mettons en place un mécanisme de partenariat d’un milliard d’euros avec l’Union pour la Méditerranée pour soutenir des projets liés à l’économie bleue. Créant ainsi de nouveaux emplois et de nouvelles formations. Toutes ces actions, menées en collaboration avec des acteurs locaux et internationaux, illustrent l’engagement de la France en Méditerranée.
Quels sont actuellement les projets en cours ?
Je peux vous présenter deux exemples concrets :
Premièrement, l’Académie des Talents de la Méditerranée à Marseille est un programme de formation où des participants de toute la Méditerranée se réunissent pendant six mois à un an pour réfléchir et collaborer sur des projets.
Deuxièmement, le Fonds Maghreb est un mécanisme de soutien aux entreprises en France doté de 100 millions d’euros. Annoncé par le président Emmanuel Macron en 2022, ce fonds vise à encourager le développement et les investissements dans les trois pays du Maghreb : la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Le lancement est prévu dans les semaines à venir et cible principalement les entreprises binationales travaillant avec ces trois pays, illustrant ainsi un partenariat gagnant-gagnant.
Quels sont les atouts dont dispose la France en Méditerranée face à l’influence d’autres pays européens, tels que l’Allemagne et la Grande-Bretagne, notamment en termes de réseau culturel et diplomatique ?
La France dispose de nombreux atouts en Méditerranée, notamment grâce à son histoire commune avec de nombreux pays de la région. La francophonie, la gastronomie, le sport, l’intelligence artificielle et l’entrepreneuriat sont des domaines dans lesquels la France excelle et peut jouer un rôle majeur. La coopération culturelle et diplomatique renforce les liens avec les pays méditerranéens et permet d’œuvrer ensemble sur des sujets d’intérêt commun.
Et en ce qui concerne la coopération tuniso-française, qu’en est-il ?
En ce qui concerne la coopération avec la Tunisie, celle-ci est d’une importance capitale. La Tunisie est un partenaire incontournable en Méditerranée, avec une situation géographique et une histoire considérables. Bien que des désaccords puissent exister sur certains sujets, la proximité des positions sur de nombreux enjeux régionaux en fait un partenaire privilégié. La France est reconnaissante de son rôle de leadership dans l’organisation du Forum méditerranéen de l’Eau, crucial pour trouver des solutions aux défis communs de la région.
Le mot de la fin ?
Nous comptons sur la Tunisie pour renforcer notre agenda de coopération méditerranéen.