Dorothée Spuhler, experte en génie de l’environnement à l’ETH Zurich, se spécialise dans le développement de méthodes et d’outils pour soutenir la planification et la prise de décision en matière de gestion de l’eau et des déchets, notamment dans les contextes urbains. Elle a été invitée par l’ambassade de Suisse à l’occasion du Forum méditerranéen de l’eau qui se tient à Tunis du 5 au 7 février 2024.
Elle met l’accent sur les innovations technologiques en Suisse, où elle donne l’exemple d’une approche holistique adoptée pour la gestion de l’eau, considérant tout le cycle de l’eau, de sa consommation à sa transformation en eaux usées, et enfin à son retour dans l’environnement.
L’objectif est de séparer les flux d’eau urbains et ruraux pour prévenir l’accumulation de polluants. Des technologies accessibles permettent le recyclage à grande échelle des eaux grises et de surface, offrant autonomie et économies. La réutilisation des eaux usées et le remplacement des engrais minéraux par des fertilisants issus de l’urine sont également des pratiques prometteuses pour l’agriculture, offrant une autonomie économique.
Face aux défis liés au stress hydrique, elle estime que l’agriculture représente le plus gros consommateur d’eau et nécessite l’adoption de nouvelles technologies et la sensibilisation des agriculteurs. Et de poursuivre: « La séparation des flux d’urine dans les bâtiments neufs est une solution novatrice, bien que peu conventionnelle, offrant une autonomie économique et environnementale. Cela nécessite des investissements dans des infrastructures technologiques avancées, notamment dans des secteurs comme la santé où la densité urbaine peut poser des défis logistiques ».
Et pour conclure, elle souligne également l’importance d’une stratégie globale de gestion de l’eau, incluant la digitalisation et le partage des données. La coopération transfrontalière est aussi soulignée, avec l’eau pouvant être un vecteur de paix ou de conflit dans les régions partageant des ressources hydriques.