Théoriquement, les citoyens américains sont censés élire leurs représentants au Congrès pour servir les intérêts de leur Etat et défendre auprès de l’Exécutif fédéral les doléances de leurs électeurs. La pratique est tout autre chose. La plupart des représentants au Congrès, se comportent plus en tant que garçons de course de l’AIPAC, le puissant lobby israélien, qu’un parlementaire élu par les citoyens de l’Etat qu’il (ou qu’elle) représente.
Le cas des deux représentants, l’Afro-Américain John James (Michigan) et Jared Moskowitz (Floride) est la quintessence de l’obséquiosité avec laquelle ils se comportent vis-à-vis du lobby israélien et de l’indifférence, sinon le mépris, vis-à-vis de leurs électeurs et des intérêts des Etats qu’ils représentent à Washington.
En effet, la préoccupation majeure que ces deux parlementaires ont traduite en projet de loi, trahit le degré de pression qu’exerce ce lobby sur le Congrès; ainsi que la prédisposition des élus américains à se laisser manipuler par ce groupe de pression pro-israélien, à qui ils obéissent au doigt et à l’œil.
Ainsi, le projet de loi proposé par ces deux membres de la Chambre des représentants exige que la Maison Blanche revoie et déclasse les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud. Et ce, en réponse à Pretoria, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de Justice.
A lire le projet de loi de l’Afro-Américain John James (D-MI) et de son collègue Jared Moskowitz, on reste pantois face au degré de la haine que nourrissent ces deux personnages vis-à-vis d’un pays qui a lui-même souffert des décennies durant d’un régime d’apartheid aussi violent et meurtrier que l’actuel régime d’apartheid qui sévit actuellement contre le peuple palestinien.
La futilité de ces deux représentants transparait dans chaque ligne de leur projet de loi dans lequel ils exposent leurs « arguments ». Exigeant de la Maison Blanche « un réexamen complet des relations bilatérales entre les États-Unis et l’Afrique du Sud. » Qu’on en juge.
« – Les actions du Congrès National Africain qui depuis 1994 détient la majorité gouvernementale et contrôle le gouvernement sud-africain, sont incompatibles avec sa politique déclarée publiquement de non-alignement dans les affaires internationales.
– Contrairement à une position déclarée de non-alignement, les gouvernements africains ont l’habitude de se ranger du côté des acteurs malveillants, y compris le Hamas, une organisation terroriste étrangère […].
– Le soutien du gouvernement sud-africain au Hamas remonte à 1994, lorsque l’ANC est arrivé au pouvoir, adoptant une position dure, accusant systématiquement Israël de pratiquer l’apartheid;
– Le 8 octobre 2023, le porte-parole national de l’ANC, Mahlengi Bhengu-Motsiri, a déclaré à propos de l’attaque dévastatrice du Hamas : « La décision des Palestiniens de répondre à la brutalité du régime d’apartheid et des colons israéliens n’est pas surprenante »;
– Le 14 octobre 2023, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a accusé Israël de génocide dans des déclarations lors d’un Rassemblement propalestinien;
– Le 17 octobre 2023, le ministre sud-africain des Affaires étrangères, NalediPandor, a accepté un appel du chef du Hamas Ismail Hanyeh;
– Le 22 octobre 2023, le ministre sud-africain des Affaires étrangères, NalediPandor, s’est rendu à Téhéran et a rencontré le président de la République islamique d’Iran, qui finance activement le Hamas;
– Le 7 novembre 2023, dans une allocution devant le parlement, le ministre Pandor a demandé à la Cour pénale internationale de juger le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre;
– Le 17 novembre 2023, l’Afrique du Sud, avec quatre autres pays, ont soumis une demande conjointe à la Cour pénale internationale d’enquêter sur les crimes de guerre commis dans les Territoires palestiniens;
– Le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud a déposé une plainte politiquement motivée devant la Cour internationale de Justice, accusant à tort Israël de commettre un génocide. »
Cette argumentation futile ne s’arrête pas là. L’Afrique du Sud est accusée de « nouer des relations solides avec la Chine, la Russie et l’Iran. » En d’autres termes, dans leur insondable débilité, ces deux auteurs de ce projet de loi n’arrivent pas à comprendre comment l’Afrique du Sud peut s’aventurer à concevoir sa politique étrangère, sans soumettre préalablement ses décisions à la bénédiction de Washington.
Au lieu de s’occuper des milliers de sans-abris et des millions de pauvres qui peinent à se nourrir et à se soigner dans le pays le plus riche du monde, ce qui visiblement n’empêche pas de dormir ces deux représentants, c’est la visite du ministre sud-africain à Téhéran ou encore son imprudence d’avoir décroché le téléphone pour parler avec Ismaïl Hanya…
Martin Luther King et Nelson Mandela devraient se retourner dans leur tombe à l’idée qu’un parlementaire afro-américain puisse être l’auteur d’un projet de loi contre l’Afrique du Sud qui a osé dénoncer haut et fort le génocide commis par le régime d’apartheid israélien.