Un nombre croissant de fabricants délocalisent leurs activités à l’extérieur d’Allemagne, prévient un lobby industriel.
Un fabricant allemand sur trois envisage de déplacer sa production vers d’autres pays en raison de difficultés économiques, soit le double du nombre enregistré en 2022. Ce que rapporte le journal allemand Bild, citant Siegfried Russwurm, président de la Fédération des industries allemandes (BDI).
Selon le rapport, parmi les dernières entreprises envisageant de délocaliser figure le fabricant d’appareils électroménagers Miele, qui prévoit de supprimer 2 000 emplois en Allemagne et de déplacer 700 postes vers son site en Pologne. Le fabricant de chauffage Viessmann a déjà transféré 3 000 emplois en Pologne.
Par ailleurs, Volkswagen a annoncé l’année dernière qu’il construirait une nouvelle usine de batteries aux États-Unis. Idem pour BASF qui compte investir 10 milliards d’euros dans une usine pétrochimique en Chine. Et ce, dans un contexte de suppressions d’emplois à son siège social en Allemagne.
Le fabricant français de tubes d’acier Vallourec a arrêté sa production en Allemagne en septembre 2023. Tandis que le fabricant de pneumatiques Michelin et son rival américain Goodyear ont annoncé qu’ils fermeraient également leurs usines allemandes d’ici fin 2025.
M. Russwurm affirme que plusieurs entreprises ont déclaré que leur « patience avec l’Allemagne était terminée ». Selon lui, le ralentissement de la croissance économique et les taux d’inflation élevés, notamment dans le secteur énergétique, ont entraîné une diminution des investissements, et Berlin manque de stratégie pour redresser la situation.
De nombreuses entreprises citent les prix élevés de l’énergie, qui ont grimpé en flèche après que l’Allemagne a perdu l’accès au gaz naturel russe en 2022, comme l’une des principales causes de leurs problèmes. Cette situation a été exacerbée par la décision de Berlin d’abandonner progressivement l’énergie nucléaire et le charbon et de passer aux énergies renouvelables. Ce qui a désavantagé les fabricants travaillant en Allemagne par rapport aux autres pays industrialisés.
« Personne ne peut dire aujourd’hui avec certitude à quoi ressemblera notre approvisionnement énergétique dans sept ans. Et c’est pourquoi personne ne peut prédire quel sera alors le prix de l’énergie en Allemagne. Pour les entreprises qui doivent prendre des décisions d’investissement, c’est absolument toxique », a-t-il déclaré dans une interview accordée au Financial Times la semaine dernière. Tout en ajoutant que le gouvernement commettait des erreurs concernant sa politique énergétique avec son programme climatique ambitieux.
« Les chefs d’entreprise déclarent avoir de plus en plus de mal à planifier à long terme. Ils ont de grands doutes quant à la poursuite des investissements en Allemagne dans ces conditions. Les conditions sont meilleures ailleurs », a conclu M. Russwurm.