C’est dans un café populaire que nous avons rencontré un homme d’affaires au sourire contagieux et à l’humour plus que fin. Ce Nabeulien pur jus nous a parlé lors de cet interview de sa vision du business, sa formation et des difficultés que peut rencontrer sa société.
Alors, Monsieur Ladhib, pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de leconoministemaghrebin.com?
Je m’appelle Fehri Ladhib, gérant et propriétaire de la société Terracotta à Nabeul, spécialisée dans la production, la commercialisation et l’exportation de la céramique.
Avez-vous reçu une formation particulière qui vous a permis de vous spécialiser dans ce domaine?
Non. J’ai plutôt fait des études de marketing à l’IHEC. J’applique ce que j’y ai appris. Je me suis, ensuite, spécialisé dans la communication.
Est-ce que le choix de créer cette entreprise est lié au fait que vous êtes Nabeulien?
Entre autres, oui. Nabeul est synonyme de poterie. D’ailleurs, j’avais un point de vente situé à Tunis que j’ai dû fermer parce que pour les clients, une entreprise de céramique doit être à Nabeul.
Vous n’avez donc qu’un seul point de vente?
Je n’ai pas de point de vente à Nabeul, j’ai un atelier. On peut trouver, tout de même, les produits de Terracotta à Tunis, Sousse et à Djerba.
Quels sont les matériaux auxquels vous avez le plus recours?
Nous utilisons l’argile en général et tout ce qui est en rapport avec la céramique.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées en tant qu’entrepreneur?
Les seules difficultés sont liées aux structures du pays, administration, STEG et SONEDE.
Est-ce qu’on peut dire que les gens seraient toujours fans de la poterie?
La poterie n’est pas un phénomène de mode et restera toujours tendance. Elle l’est, d’ailleurs, dans le monde entier. On peut changer le design mais les formes traditionnelles resteront indémodables.
Les pays étrangers s’intéressent-ils à la céramique?
Oui et spécialement les Etats-Unis qui sont les plus grands consommateurs de la céramique. D’ailleurs, on y exporte beaucoup. Il s’agit d’un grand marché. J’exporte parfois dans le monde arabe et surtout dans les pays du Golfe. Nous devons apprendre à commercialiser nos produits, et c’est ainsi que nous pourrions avancer.
Faites-vous de la livraison à domicile?
J’ai commencé à faire de la livraison en 2013 en tant que seul acteur dans ce domaine. J’effectuais les livraisons en personne, j’étais le seul à le faire. Lors de la crise de la Covid-19, j’ai été envahi par les commandes en ligne. Il y a eu un pic et les autres entreprises ont été, à leur tour, attirées par ce secteur.
Les personnes qui faisaient des commandes en ligne sont d’un certain niveau et acceptent de vivre l’aventure de se faire livrer quelque chose qui pourrait être cassé.
Par ailleurs, j’ai remarqué que certaines de mes publications de produits sur ma page FB ont été reproduites par d’autres entreprises concurrentes. Mais je reste indifférent envers cela.
Parlez-nous de vos sources d’inspiration?
Certains pensent que j’ai fait des études à l’Institut supérieur des beaux-arts et que ma femme est derrière le design ; chose que je ne comprends pas. L’essentiel est de savoir commercialiser et vendre ce qui est vendable. Il m’arrive de discuter avec mes artisans et leur proposer des thèmes. Je leur demande de travailler sur cela.
Il arrive aussi que l’inspiration me vienne des clients. Je trouve également parfois sur internet de beaux modèles. Je m’en inspire et y ajoute ma touche personnelle. Tout ceci pour vous dire qu’il y a quelque chose que je déteste, copier nos concurrents.
Vous savez, il est fascinant de constater qu’en Italie, l’un des plus gros exportateurs de céramique au monde, un code éthique non écrit prévient de ne pas copier les produits de la concurrents. Il s’agit d’une règle d’éthique qui n’est même pas inscrite dans la juridiction italienne.