En ramenant sur le devant de la scène le débat sur l‘indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les économistes, les banquiers et les politiciens tunisiens semblent peiner, voire être incapables, de saisir le sens des indicateurs macroéconomiques récents (ins.tn).
Malgré cela, les banquiers et autres experts financiers ne manquent pas d’explications pour justifier pourquoi l’économie ne ralentit pas suffisamment. Alors que l’inflation, le taux de change et les taux d’intérêt restent élevés depuis un certain temps.
En ce début d’année marqué par une certaine instabilité économique, nous avons assisté à une intervention du gouverneur de la BCT devant l’Assemblée des Représentants du Peuple. Quelques jours seulement après la dernière réunion du Conseil d’Administration de la banque.
Cette intervention était très attendue par les opérateurs économiques et les financiers, craignant une action plus « agressive » que lors des précédentes déclarations. Finalement, le Gouverneur de la BCT est resté prudent dans ses propos, politiquement corrects.
Bien qu’il ait admis avoir été surpris par la « vigueur du marché », Marouane Abbassi a affirmé que la désinflation avait effectivement commencé; même si l’évolution des prix des biens ne reflétait pas encore cette tendance.
Cependant, le gouverneur de la BCT a souligné que la lutte contre l’inflation et les déficits publics prendrait du temps, et que le chemin vers la stabilité macroéconomique serait semé d’embûches. Il a même laissé entendre que de nouvelles hausses des taux d’intérêt pourraient être nécessaires si l’économie tunisienne ne montrait pas de signes de ralentissement. Le principal point d’attention demeure que l’inflation sous-jacente, les salaires et le déficit public soient maîtrisés pour que la BCT envisage de baisser ses taux directeurs dès cette année.
Alors que Marouane Abbassi n’ait pas adopté un ton aussi ferme que certains membres du Conseil d’Administration, certains y ont vu un désaveu de la ligne orthodoxe préconisée par le FMI depuis des décennies. D’autres se sont chargés de le faire à sa place, en coulisses.
Pour autant, les indicateurs récents suggèrent que la politique monétaire restrictive de la BCT (hausse des taux directeurs et rationnement des liquidités) a entraîné un recul de l’activité économique (taux de croissance négatif, baisse de la demande globale, notamment des importations de produits énergétiques et d’autres composants industriels et biens d’équipement); sans produire des résultats significatifs en matière de désinflation.
Les analystes partagent un avis similaire, soulignant que l’interprétation de ces indicateurs pourrait être plus sévère (nous y reviendrons). Et que les entreprises pourraient se fixer des objectifs plus modestes dans le contexte économique actuel.
* Dr. Tahar EL ALMI,
Prof Associé à l’IHET (Institut des Hautes Etudes-Tunis),
Psd-Fondateur de l’Institut africain d’économie financière (IAEF-ONG)