Depuis ma jeunesse, le simple évoquer du nom de la charmante Carmen a toujours eu un effet surprenant sur moi. En 2004, alors que j’étais encore en première année de lettres françaises à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, j’ai eu l’opportunité d’étudier « Carmen », la nouvelle écrite par l’écrivain français Prosper Mérimée en 1845. Cette histoire où se croisent le chemin du brigadier Don José et celui de la bohémienne envoûtante et fatale, Carmen, dépeint une passion aux allures tragiques.
L’ombre de cette gitane semblait me poursuivre encore. À la suite des conseils d’un de mes anciens camarades de l’université, j’ai regardé le film espagnol « Carmen » (1983) réalisé par Carlos Saura, en plein cœur de la pandémie en avril 2020. Cette fois-ci, l’histoire se concentre sur le chorégraphe espagnol Antonio, qui prévoit de monter un ballet sur la musique de « Carmen », le célèbre opéra de Georges Bizet. Cependant, il lui manque l’actrice principale, celle qui incarnera Carmen. Par chance, il découvre une danseuse à la beauté sauvage nommée Carmen. Une passion naît entre eux, mais elle est semée d’embûches.
Le film met en lumière de nombreuses similitudes entre le couple Carmen et Don José dans la nouvelle et Carmen et Antonio dans le film, notamment la fin tragique. Sans oublier les airs de flamenco joués par le grand guitariste Paco de Lucía pour donner une véritable ambiance gitane dans le film.
Bien que le hasard ne m’ait pas permis d’assister un jour à l’opéra « Carmen » de Georges Bizet, tirée de la nouvelle en 1875, dans un contexte français et original, j’ai eu l’occasion d’assister à une représentation de l’opéra « Carmen », mise en scène par le danseur et chorégraphe français Abou Lagraa, sur la scène de l’Opéra de Tunis, au Théâtre de l’Opéra à la Cité de la Culture, le 14 février 2024. Quoi de plus beau qu’un spectacle romantique pour fêter La saint valentin pour ceux et celles qui tienent à la feter comme il se doit.
Cette production est le fruit d’une collaboration entre l’Opéra de Tunis, l’Institut français et l’Institut culturel italien de Tunis. Cent vingt artistes, comprenant des danseurs, des chanteurs et des solistes, ont redonné vie à cette tragédie universelle qui continue à nous interpeller. Le rôle du brigadier a été interprété par un chanteur d’opéra Hassen Doss. Maram Bouhbal a été choisie pour incarner Carmen, tandis que Haythem Hadhiri a endossé le rôle de l’autre amant de Carmen, le toréador Escamillo. Trois artistes tunisiens ont brillé, capturant la complexité du trio amoureux. Il est à noter que les représentations de tango, flamenco et opéra-ballet sont rares sur la scène culturelle et artistique tunisienne. Ainsi, cette production peut être considérée comme un événement culturel marquant de l’année 2024.