Lors de la présentation du livre » Résistance et dévotion », Virginie Prevost et Axel Derriks ont souligné que cet ouvrage repose sur un corpus de 48 lieux de culte, certains en excellent état, d’autres en ruine ou complètement reconstruits, mentionnés dans les sources ibadites écrites. Et ce, lors d’un événement organisé par la délégation de Wallonie-Bruxelles, en fin de journée du mercredi 14 février 2024 à Gammarth.
L’objectif de cet ouvrage est de préserver la mémoire des anciens lieux de culte de Djerba, certains risquant de perdre définitivement leur caractère ou de disparaître complètement. Depuis 1996, de nombreux séjours sur l’île de ces experts ont permis d’évaluer les différentes menaces pesant sur les mosquées, aussi diverses que nombreuses. Ainsi, le lecteur découvrira dans ce volume plusieurs sanctuaires remarquablement préservés. C’est notamment le cas de la plus célèbre mosquée ibadite de l’île de Djerba.
Le titre du livre, « Résistance et dévotion », reflète ce qui émerge des mosquées étudiées. Susciter la dévotion des fidèles semble avoir été l’un des combats essentiels des savants ibadites de Djerba, car c’était la seule façon de garantir le maintien de la communauté. La conception même de la haqa intégrait cette nécessité, et les écrits ibadites sont riches en cette incitation permanente à la piété d’une part, mais également à l’étude des principes de la doctrine, indispensable pour pratiquer correctement sa foi et pouvoir la transmettre à ses descendants. La présence si forte de la religion se ressent.
Plus loin, lorsqu’on aborde l’intérêt de conserver les mosquées ibadites de Djerba, Virginie Prevost souligne que, selon l’histoire, il n’y avait que des mosquées ibadites, et que les Malékites se sont installés en grand nombre au 18ème siècle. Dans la grande majorité des cas, ils ont respecté l’architecture locale, ce qui signifie que les mosquées malékites ressemblaient aux mosquées ibadites en termes d’architecture, conformément au mode de vie des Djerbiens. Avec le temps, cependant, on observe des différences entre les deux : les mosquées malékites sont souvent plus sombres. Puis, avec le temps, on a observé une uniformisation de ces mosquées, que l’on retrouve à Tunis et à Kairouan.
Quant à l’intérêt de réaliser cet ouvrage scientifique, il était motivé par le constat qu’il existait peu de documentation sur le sujet. Le livre de Mrabet en 2002 était le seul disponible, mais en 20 ans, la situation a beaucoup évolué. La disponibilité de nouveaux moyens techniques comme Google Earth a permis d’actualiser la documentation et de donner une vision actuelle sur les mosquées de Djerba.