Inès Lamloum, responsable juridique au sein de l’Organisation mondiale contre la torture, exprime ses préoccupations. Et ce, quant aux difficultés rencontrées dans la documentation médico-légale des victimes de torture en Tunisie. C’est ce qu’il ressort d’une conférence de presse organisée à Tunis, le jeudi 15 février 2024
Mme Lamloum dénonce le fait que les victimes de torture sont souvent empêchées d’obtenir un certificat médical préliminaire. Et ce, en raison de pressions des agents de sécurité sur les médecins d’urgence. Cette situation compromet sérieusement la documentation des cas de torture.
Ainsi, la conférence de presse, qui rassemblait plusieurs militants des droits de l’Homme, a été consacrée à l’examen du rapport annuel de l’organisation sur la recherche, la documentation et la médecine légale dans les cas de torture et de mauvais traitements en Tunisie.
Dans ce cadre, Mme Lamloum souligne que les données contenues dans les certificats médicaux préliminaires sont souvent incomplètes. De même qu’elles ne fournissent qu’une description succincte des circonstances entourant l’agression. Elle regrette encore que les rapports médico-légaux, examinés lors d’une enquête de terrain, ne prennent pas en compte les séquelles psychologiques subies par les victimes. Elle relève aussi qu’ils ne fournissent pas non plus d’explication détaillée des circonstances de l’agression, telles que rapportées par les victimes elles-mêmes.
Utilisation adéquate des rapports médicaux par la justice
De son côté, Najla Talbi, qui dirige le programme « Soutien aux victimes de la torture », précise que le rapport se base sur un échantillon de 61 dossiers. Il vise à mettre en lumière l’importance des examens médicaux pour prouver les actes de torture subis par les détenus, en particulier dans les postes de police. Elle affirme également que la documentation médicale joue un rôle crucial dans la lutte contre la torture et les mauvais traitements.
A cet égard, elle fait savoir que son programme, soutenu par un collectif d’avocats, s’efforce d’aider les victimes de torture et de mauvais traitements. Et ce, dans l’accession aux rapports médicaux des légistes et dans la garantie de leur utilisation adéquate par les juges. Mme Talbi plaide enfin en faveur d’un cadre juridique approprié et de garanties institutionnelles nécessaires. Lequel permettrait de prévenir les violations, déterminer les responsabilités et indemniser les victimes.
Avec TAP