La Tunisie est confrontée à une crise de la dette qui ne concerne pas que les Tunisiens mais aussi et surtout les créanciers de la Tunisie. D’autant que le syndrome s’étendra sur les dix prochaines années. L’issue finale pourrait être catastrophique, avertissent les économistes de la place. Ils soulignent fermement, que toutes choses égales par ailleurs, le pays verra sa dette augmenter invariablement au cours des prochaines années.
Pour faire face au remboursement de la dette, les pouvoirs publics se sont orientés dès 2020,vers la compression des dépenses dans des infrastructures sociales essentielles telles que la santé, l’éducation et la protection sociale, et parallèlement vers une politique fiscale hardie que d’aucuns trouvent excessive.
Or, l’impact de la fiscalité excessive sur l’économie et le bien-être docial est néfaste et porteur d’effets pervers cumulatifs sur le plan économique et donc sur le plan social. Ibn Khaldoun, dans La Muqaddimah en avait fait ses choux gras sur le plan sémantique. Et des économistes et autres fiscalistes les ont traduits par l’adage : « Les taux tuent les totaux »…
La fiscalité excessive peut avoir des conséquences néfastes sur l’économie et le bien-être social d’un pays. En Tunisie, où les défis économiques et sociaux sont déjà nombreux, une fiscalité trop lourde peut aggraver la situation et entraver le développement économique.
En premier lieu, sur l’économie :
Des impôts élevés dissuadent les entreprises d’investir et de créer des emplois. Ce a pour conséquence de freiner la croissance économique.
Une fiscalité excessive peut rendre les produits nationaux moins compétitifs sur le marché international. Ce qui peut nuire aux exportations et à la balance commerciale.
Les ménages disposant de moins de revenus disponibles en raison de taxes élevées, peuvent réduire leur consommation. Cela pourra entraîner une baisse de la demande intérieure et affecter les entreprises.
En deuxième lieu, sur le bien-être social :
Une fiscalité excessive aggrave la pauvreté en réduisant le revenu disponible des ménages les plus vulnérables. De plus, elle accentue les inégalités en affectant plus lourdement les moins favorisés. Ainsi, 340 000 familles seraient concernées par le phénomène, nous y reviendrons.
Des impôts élevés limitent l’accès des citoyens aux services de base tels que la santé, l’éducation et les infrastructures. Ce qui compromet le bien-être social de la population.
Une fiscalité excessive peut inciter les personnes les plus qualifiées à quitter le pays à la recherche de meilleures opportunités. Avec pour conséquence une perte de compétences et de talents.
Or, nous y sommes. Il semblerait que la Tunisie et une grande majorité de Tunisiens font un constat accablant : une fiscalité excessive peut avoir des effets dévastateurs sur l’économie et le bien-être social en Tunisie. Alors, il est essentiel de trouver un équilibre optimal entre la nécessité de mobiliser des ressources fiscales et le besoin de préserver la compétitivité économique et le bien-être de la population.
Par ailleurs, les pouvoirs publics se retrouvent aujourd’hui à la croisée des chemins, voire dos au mur. Les réformes structurelles, toutes, sont au beau fixe, du fait d’un endettement ruineux qui neutralise totalement toute marge de manœuvre.
En outre, au milieu du tumulte lié à une transition politique en cours et à la refonte de gouvernance chaotique de la décennie (2011-2019), nul ne s’est vraiment intéressé au syndrome de la fiscalité excessive en rapport avec l’endettement.
Pour autant, le retour de la croissance améliorera certes ces déficits à la marge. Mais comment espérer « rééquilibrer un budget », quand les décideurs manquent singulièrement de volontarisme politique. L’augmentation des impôts ou la réduction des dépenses publiques sont systématiquement agendées à des périodes marquées par le retour de la croissance… Sachant qu’une croissance faste de plusieurs années ne suffirait même pas à résorber entièrement les déficits actuels et qu’une nouvelle crise est toujours susceptible de sévir. Il est vrai que les ténors de la politique et du syndicalisme ne font que suivre une opinion publique consciente, globalement, de l’endettement colossal du pays mais radicalement opposée à tout sacrifice.
Il est pourtant incontestable que l’abaissement d’un cran de l’intensité des déficits (et de ses déterminants) et la maitrise des couts de financement de la dette, notamment les coûts fiscaux, ne sauraient être réalisés qu’au prix de sacrifices à consentir aujourd’hui.