Le ministère égyptien de la Santé a rendu, le 15 février 2024, une décision obligeant les médecins des hôpitaux publics à ne pas prescrire de médicaments importés aux patients, dans le contexte de l’aggravation de la crise de la pénurie de ces médicaments sur les marchés et de la hausse de leurs prix. Le problème de la rareté du dollar jette une ombre sur l’industrie pharmaceutique égyptienne, qui dépend des importations à 95% des matières premières nécessaires aux sociétés pharmaceutiques.
La décision oblige les médecins à prescrire les médicaments nécessaires aux patients, en tenant compte du fait que la priorité doit être donnée à la médecine locale et que les médicaments importés ne doivent pas être prescrits sauf si un équivalent local n’est pas disponible, dans l’exercice de leur travail dans les agences ou organismes affiliés au ministère de la Santé, ou pour les directions des affaires sanitaires des gouvernorats, notamment celles des hôpitaux, des centres médicaux, des centres et unités de soins de santé de base et de santé familiale.
Les prix de plus de deux mille produits pharmaceutiques en Égypte ont bondi à des taux atteignant 90% en 2023, en raison de la baisse de la valeur de la livre par rapport au dollar à environ 30,95 livres dans les banques et de la pénurie de matières premières nécessaires à la production en raison de leur accumulation dans les ports due au manque de liquidités en dollars nécessaires à leur libération, en plus de la hausse des prix mondiaux du transport maritime et des matières premières.
Le marché pharmaceutique égyptien connaît une forte baisse des types de médicaments et de fournitures médicales importés, tant dans les hôpitaux publics que privés, car la pénurie se concentre sur le cancer et les maladies chroniques, ainsi que sur les médicaments chimiques et biologiques, en particulier ceux produits aux États-Unis et en Europe…
La pénurie de médicaments par les voies officielles survient à un moment où le commerce de médicaments de contrebande en provenance de l’étranger, vendus en dehors des pharmacies, se propage par l’intermédiaire de courtiers qui exploitent les besoins des patients, malgré les risques de fourniture de médicaments périmés et contrefaits.
Les entreprises locales produisent environ 4 milliards d’unités pharmaceutiques par an, d’une valeur de 3,5 milliards de dollars, et une grande partie de leurs composants de production dépend des importations de l’étranger, avec le déclin des taux de fabrication locaux de ces composants, le retard de la technologie de fabrication et leur incapacité à conserver leurs produits au rythme du développement des usines internationales qui s’orientent vers les médicaments biologiques, notamment dans le traitement des maladies chroniques.