L’Égypte et les Émirats arabes unis ont conclu un partenariat d’investissement historique pour développer la péninsule de Ras al-Hekma. L’accord prévoit l’injection de 35 milliards de dollars d’investissements directs étrangers dans l’économie égyptienne en difficulté, dans le but de soutenir la croissance économique et de remédier à la crise des devises fortes.
L’accord contribuera significativement à résoudre la crise monétaire que traverse le pays depuis des mois. Cette crise a entravé la capacité de l’Égypte à gérer une dette extérieure importante et à combler l’écart entre les taux de change officiels et ceux du marché noir.
Qu’est-ce que Ras al-Hekma ?
Ras al-Hekma est une station balnéaire en plein essor située sur un cap à environ 212 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie et à quelque 350 kilomètres au nord-ouest du Caire. Elle s’enorgueillit de ses eaux turquoise et de ses plages de sable blanc, et attire des investissements importants dans des projets de luxe, probablement en provenance des Émirats arabes unis.
Le gouvernement égyptien, en collaboration avec UN-Habitat, a déclaré qu’il était en train de développer une nouvelle ville durable et inclusive au bord de l’eau, appelée Ras Al HekmaWaterfront New City, afin de transformer la région de la côte nord dans le cadre des futurs développements urbains de l’Égypte. La première phase du projet devrait être achevée d’ici 2028.
Désormais, le fonds souverain des Émirats arabes unis dirigera un consortium d’investissement doté de 24 milliards de dollars pour Ras al-Hekma, situé à l’ouest d’Alexandrie. Ce projet transformera la région côtière méditerranéenne en une station balnéaire dotée d’un aéroport géré par les Émirats arabes unis. Les 11 milliards de dollars restants seront consacrés à des projets de développement dans toute l’Égypte.
Le partenariat prévoit un déploiement échelonné : 15 milliards de dollars immédiatement, suivis de 20 milliards de dollars supplémentaires dans les deux mois. L’Égypte espère que le projet rapportera 150 milliards de dollars et conservera une participation de 35 %.
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Pénurie de dollars
Cet accord intervient à un moment crucial pour l’Égypte. Son économie, fortement dépendante des importations, a connu de nombreux revers, notamment des chocs liés à une pandémie dans l’industrie du tourisme, des coûts élevés du blé en raison de la guerre en Ukraine et des perturbations des revenus du canal de Suez causées par des conflits régionaux, notamment le blocus de la mer Rouge par les Houthis. Ces facteurs ont également entraîné une baisse des envois de fonds des travailleurs égyptiens à l’étranger.
Confrontée à une dette importante accumulée dans le cadre de projets d’infrastructure, notamment la construction d’une nouvelle capitale, l’Égypte a cherché à obtenir une aide financière.
Le Fonds monétaire international a approuvé un prêt de 3 milliards de dollars, mais son versement est subordonné à des réformes douloureuses telles que l’établissement d’un taux de change totalement flexible.
La crise monétaire a érodé la confiance des investisseurs étrangers dans la stabilité financière de l’Égypte. JP Morgan a récemment retiré l’Égypte de son indice des obligations d’État, et Moody’s a abaissé ses perspectives sur les obligations égyptiennes à négatives.
Problèmes résolus?
La principale recette de l’Égypte pour attirer des devises étrangères a consisté à faire de gros paris sur l’exploration du gaz naturel, à agrandir le canal de Suez, à doubler le tourisme dans une région agitée et à injecter des milliards de dollars dans des mégaprojets dans l’espoir d’employer des milliers d’Égyptiens tout en attirant des investissements étrangers, principalement en provenance du Golfe riche en pétrole.
Cette recette a fonctionné pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’elle se soit arrêtée. Mais cela n’empêche pas l’Égypte de poursuivre la même approche tout en cherchant à obtenir un renflouement du Fonds monétaire international, bien que cela puisse nécessiter le type de réformes que le modèle économique égyptien, dominé par l’armée, est incapable de concevoir.
La vente de Ras al-Hekma à Abu Dhabi s’inscrit dans ce modèle de comportement économique du Caire. Néanmoins, si cela pourra éviter au pays l’effondrement à court terme, les soucis à moyen et long terme sont toujours là. De plus, la dévaluation de la livre est toujours à l’ordre du jour. Les malheurs du citoyen égyptiens vont continuer à s’exacerber, avec un coût de vie exorbitant. C’est le grand dilemme des économies proies aux soucis de dettes. Régler la situation macroéconomique nécessite d’engager la population des dans sacrifices lourds à supporter.