« L’essentiel c’est l’économie! Elle est à la base de la stabilité au niveau régional et international. La France est très importante pour la région du Maghreb et la région est très importante pour la France ». Ces propos sont ceux de Dhia KHALED, ambassadeur de Tunisie en France, qui était invité à la conférence organisée par la CCFA Paris, jeudi 22 février 2024, rapportent nos confrères d’africapresse.paris.
Le diplomate tunisien a saisi cette occasion pour illustrer la relation économique entre les rives nord et sud de la Méditerranée en évoquant l’image d’un olivier dont les racines sont dans les pays du Maghreb et dont la tête, le feuillage et les fruits, s’élancent vers l’Europe. « De la bonne santé de l’un dépend celle de l’autre. D’où l’importance d’un bon partenariat entre la France et les pays du Maghreb », a-t-il déclaré.
A ce propos, on rappellera la fameuse citation de feu Hassan II : « Le Maroc est un arbre dont les racines s’enfoncent en Afrique et dont les feuilles s’épanouissent en Europe. »
Plusieurs savoir-faire d’excellence
Expliquant un peu plus son propos, Dhia KHALED dira qu’« en 2023 la France, devançant l’Italie, a recouvré sa place de premier partenaire de la Tunisie. Elle y est toujours le premier investisseur (hors énergie), la Tunisie étant de son côté le deuxième investisseur en France, après le Maroc. 75 % de l’économie tunisienne est liée à l’UE, dont la France représente 20 % », souligne notre source.
Le diplomate a également évoqué certains savoir-faire d’excellence du pays (aéronautique, pharmacie, santé digitale, composants automobiles…). Et de souligner que « la force de la Tunisie est de continuer à former des ressources humaines de qualité ». Reconnaissant qu’« il y a un fort flux de migration – 39 000 ingénieurs tunisiens se sont expatriés, en majorité vers la France; 3,5 % des médecins et 4,5 % des infirmiers (ères) exerçant en France sont Tunisiens ». Il estime toutefois que tout n’est pas perdu, « il y a toujours un retour d’investissement », affirme-t-il.
Au total, environ 1 million de Tunisiens vivent en France, contribuant aux liens très forts entre les deux pays, selon l’ambassadeur.
Aussi, « il s’est félicité de la montée en puissance du secteur des industries créatives et de l’intelligence artificielle (IA), stimulé par la forte dynamique des start-up dont la Tunisie est riche », note africapresse.paris.
Il a conclu son intervention en se réjouissant « du retour des touristes français en Tunisie. Ils étaient 1 million en 2023, soit au même niveau qu’en 2010, dernière année de référence avant l’insurrection de 2011 ».
Tunisie, 4ème économie la plus innovante d’Afrique…
Tarak HOSNI, directeur général de FIFA France, prendra la suite du diplomate pour évoquer l’histoire avant de parler de l’investissement. Il fera notamment référence à « la prospère et fabuleuse cité de Carthage qui, dans l’Antiquité, résista vaillamment à l’expansionnisme de l’empire romain. Finalement vaincue et romanisée, la cité offre aujourd’hui de magnifiques vestiges qui constituent une part du trésor archéologique tunisien attirant les touristes, avec aussi le colisée d’El Jem, deuxième plus grand amphithéâtre de l’empire romain, après le Colisée de Rome », selon notre source.
Cependant, « la Tunisie d’aujourd’hui ne saurait se réduire à l’image d’Épinal de son attractivité touristique. À bien des égards, le pays est entré de plain-pied dans la modernité économique. Ainsi, grâce au Startup Act promulgué en 2018 et conçu pour faciliter le lancement et le développement des startup de Tunisie, celles-ci se sont développées en nombre et constituent désormais un véritable moteur de croissance pour le pays. La Tunisie est d’ailleurs classée 5ème pays mondial par le nombre de diplômés en sciences et en ingénierie, et 4ème économie la plus innovante d’Afrique. Et ce, avec des produits exclusifs de haute technicité, par exemple : les voitures de la startup WALLYSCAR, les avions de la startup AVIONAV, les robots de Enova Robotics, le chariot mobile autonome AGV, le robot autonome Veasense de télé-vigilance médicale, les véhicules solaires électriques de Bako Motors, startup germano-tunisienne, etc. ».
Ceci pour montrer que le “numérique tunisien“ est un secteur porteur et qui se développe à la vitesse grand V. On parle de 40 000 emplois directs et une croissance annuelle moyenne de 8 %, avec plus de 2 200 entreprises, dont plus de 600 entreprises innovantes et génère plus de 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
« La Tunisie d’aujourd’hui ne saurait se réduire à l’image d’Épinal de son attractivité touristique. À bien des égards, le pays est entré de plain-pied dans la modernité économique »
Le textile/habillement n’est pas en reste. Car désormais les années difficiles (lorsque certaines chaînes de production se sont déplacées vers l’Asie) sont derrière ce secteur vital pour l’économie tunisienne. Il a enregistré en 2023 une hausse des exportations des produits textile-habillement de plus de 3 % pour une valeur de 2,9 milliards d’euros. « Le secteur compte 158 000 employés pour plus de 1 530 entreprises dont plus de 80 % produisent pour le marché export (95 % des exportations sont destinées à l’UE) ».
Un autre secteur d’excellence de la Tunisie, c’est l’industrie pharmaceutique : un marché de 3,2 milliards d’euros, plus de 80 unités de production, 47 laboratoires pharmaceutiques, plus de 13 500 emplois directs, plus de 3 400 médicaments fabriqués localement, rapporte encore africapresse.paris.
Ensuite, on cite le secteur agroalimentaire qui se distingue lui aussi par son haut niveau qualitatif, en ce sens que « la Tunisie étant le 1er pays africain détenteur de la reconnaissance de l’équivalence avec l’UE en matière d’agriculture bio. Le secteur génère plus de 75 000 emplois directs, 80 % de la production bio est destinée à l’exportation. 2ème pays exportateur d’Afrique de produits bio, la Tunisie est aussi le premier exportateur mondial de dattes ».
Aéronautique, fabrication de médicaments, IMM
Voici un autre secteur qui contribue notamment à la fabrication des Airbus, à savoir l’aéronautique,, considéré comme un fleuron de l’industrie tunisienne, avec plus de 17 000 emplois directs, représentant 3,5 % du PIB et enregistrant 8 % de croissance annuelle moyenne de la production.
« Fierté tunisienne, les industries mécaniques et électriques constituent le premier secteur exportateur, écrit notre source. Il compte plus de 1 000 entreprises, dont plus de 440 totalement exportatrices. La Tunisie se situe dans le top 3 des producteurs de composants automobiles en Afrique, et au 7ème rang des fournisseurs de l’UE en machines électriques ».
« Au vu de tous ces atouts, on comprend aisément pourquoi l’attractivité du pays se renforce, la Tunisie attirant de plus en plus d’investissements directs étrangers (IDE) »
Parmi les autres secteurs à fortes opportunités, on note les énergies renouvelables, avec une part de 3 %, mais qui devrait passer à 35 % d’ici à 2030. Il y a aussi les infrastructures (plus de 130 projets sont en cours de réalisation à travers toute la Tunisie, dont 64 nouveaux projets d’infrastructures routières). In fine le tourisme médical, cité comme « un secteur d’avenir grâce à des prestations médicales très développées en termes de compétences médicales et d’infrastructures de santé aux normes internationales, souligne le site.
« Au vu de tous ces atouts, on comprend aisément pourquoi l’attractivité du pays se renforce, la Tunisie attirant de plus en plus d’investissements directs étrangers (IDE) : plus de 390 millions d’euros en 2021; plus de 660 millions d’euros en 2022; plus de 757 millions d’euros en 2023 ».
Et avec 610,54 MDT d’IDE en 2023, la France s’affirme comme premier investisseur en Tunisie, où elle est aussi le premier créateur d’emplois (4 206 en 2023). Et « d’après une récente enquête, 75 % à 80 % des entreprises françaises actives en Tunisie se disent satisfaites », selon Dhia KHALED.
Le potentiel de la Tunisie dépasse de loin sa réalité d’aujourd’hui. Notre pays a devant lui un avenir radieux que les puissances étrangères en sont beaucoup plus conscients que les tunisiens eux-mêmes, gouvernants et gouvernés. La relation avec la France est importante par les chiffres, et avec l’Europe en général, mais l’Europe et en crise et plus encore en général. Cette crise est éthique, civilisationnelle, culturelle et économique. La Tunisie est le centre du monde et sa Mecque ne pourrait plus être la France. Elle a intérêt plutôt à diversifier ses relations au vu d’ une approche portant sur le futur d’un monde en mutation. La France déboutée en Afrique ne devrait pas avoir sa revanche au Maghreb encore moins en Tunisie. Pour garder son niveau de relation avec notre pays, la France a intérêt à réviser son comportement. Tous ceux qui se font des défenseurs pour la France sont des suspects.
Nous vous l’accordons.
Bien à vous et merci pour vos commentaires.